FR
EN

N'est pas Gallé qui veut

Samedi 01 mars 2014

Cette semaine une lectrice blésoise fait parvenir à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, la photographie d’une paire de vases « Legras » afin d’en connaître la valeur.

Cette semaine une lectrice blésoise fait parvenir à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, la photographie d’une paire de vases« Legras » afin d’en connaître la valeur.

La flore qui renaît nargue un hiver toujours menaçant. En observant cette paire de vases, il semble que cette lutte en soit le sujet. Sous un ciel teinté jaune pâle et rose par un lever de soleil d’hiver, une bergère silhouettée chemine. Elle se tient, entourée de son troupeau de chèvres, au sommet d’une colline dont l’herbe vert sombre est encore givrée. Au loin figurent de hautes montagnes d’un vert éclairci par les doux rayons de l’astre matinal. Au premier plan se dresse un arbre présentant à l’extrémité de fins rameaux des touffes de feuilles vert tendre. Il occupe la quasi-totalité de la hauteur (probablement 30 à 40 cm) de ces longs et fins vases soliflores à base évasée. Présentant un col dit « étranglé », ils sont en verre gravé à l’acide et émaillé à chaud. Ils donnent toute sa place à cette nature grandiose où notre bergère se fait minuscule. Voilà une composition qui rappelle fortement le sujet des artistes paysagistes de l’école de Barbizon, au XIXème, qui souhaitent peindre « d’après nature ». À leur base figure une signature :« Legras ».

François-Théodore Legras est un maître-verrier originaire d’un hameau des Vosges situé au cœur de la forêt de Darney. C’est cette forêt, cette nature qui inspirent son œuvre. À la fin du XIXème il est l’un des plus importants verriers français. Simple commis en1863, il devient, trois ans plus tard, directeur d’un ensemble industriel de 20000 m² à Saint-Denis, près de Paris ! Vers 1880, les premiers balbutiements de l’Art Nouveau se font sentir. Legras est un des premiers, en dehors de l’école de Nancy, à appliquer ce style à ses créations. En 1900, il sera responsable de la partie verrerie et cristallerie de l'Exposition Universelle de Paris, s’il vous plaît ! Plus académique, moins inventif et meilleur marché, cet industriel ne connaîtra jamais la gloire des Lalique, des Daum et autres Gallé. Cependant, ses créations se vendent plutôt bien sur le marché.

Le type de vase de notre lectrice est connu et figure dans le répertoire raisonné « Legras, verrier ». Si le col n’est pas coupé et, sans éclats, ni manques, la paire peut se négocier autour de 300 € en vente publique. Et pour Gallé ? Un 0 en plus !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :