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Un insigne impérial

Samedi 11 janvier 2014

Cette semaine Vincent nous fait parvenir la photo « d’une plaque en métal avec un aigle à deux têtes » chinée dans un vide-grenier. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Cette semaine Vincent nous fait parvenir la photo « d’une plaque en métal avec un aigle à deux têtes » chinée dans un vide-grenier. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Un aigle à deux têtes ! Voilà un emblème bien curieux ! Il se retrouve sur nombre de blasons, comme celui de l’Empire byzantin. Penchons-nous sur les écus présents sur cet aigle. Celui au centre figure saint Georges, saint patron de Moscou, terrassant le dragon. Les autres sont les armes des différentes provinces de l’Empire Russe ! Les tsars russes ont adopté le symbole de l’aigle bicéphale pour proclamer leur domination sur l'Europe et l'Asie et pour s’affirmer comme héritiers de l’Empire byzantin.

Cette plaque en métal embouti mesure 7 par 6,5 cm et est munie, au verso, de deux pattes de fixation. Elle est destinée à orner le casque dit« Adrian », qui équipe l’armée française de 1915 au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Un insigne russe sur un casque français… Cela mérite un éclaircissement. Conformément aux accords franco-russes, le Tsar Nicolas II envoie, en 1916, 40 000 soldats pour soutenir les forces alliées. Dotés d’un armement et d’un équipement fournis par la France, ces hommes s’illustreront aux côtés de nos Poilus au Chemin des Dames ou encore lors de l’attaque de Courcy. Leur casque est agrémenté de l’emblème russe, à l’image de celui des Belges qui arbore une tête de lion. Ces insignes de casque personnalisent ainsi les différentes armes présentes sur le front.L’infanterie, une grenade, l’artillerie, deux canons croisés, le génie la cuirasse etc…

En moyenne, le prix d’un casque Adrian d’infanterie française (assez courant) est dix fois inférieur à celui du même casque portant un insigne russe (30 à 300 euros minimum). Il n’en faut pas plus pour tenter les faussaires, d’autant que la technique de fabrication d’unetelle plaque en tôle emboutie n’a pas changé depuis 100 ans… L’insigne de notre lecteur présente une certaine patine et est en partie rouillé superficiellement. Ceci le fait paraître authentique mais la frappe est dite« molle ». C’est-à-dire que les reliefs sont très écrasés, certains détails inexistants en comparaison d’une originale conservée au Musée de l’Armée, aux Invalides. Difficile de trancher d’après photo mais, selon toute vraisemblance, c’est un faux. Une copie qui peut se négocier entre 5 et 10 € sur une bourse aux armes contre 150 à 200 € pour une originale ! Quoi qu’il en soit cette pièce constitue un témoignage important de cette guerre barbare dont nous célébrerons le centenaire cette année.
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