FR
EN

Génie en marche

Vendredi 22 mai 2020

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Marie Curie (1867-1934),<br />
«Polarisation rotatoire», manipulation du 1er mars 1893, devoir de licence ès sciences physiques à l’encre noire sur papier, feuillet recto verso corrigé à l’encre rouge et noté «14», 27,3 x 18,1 cm.<br />
Estimation : 10
Marie Curie (1867-1934),
«Polarisation rotatoire», manipulation du 1er mars 1893, devoir de licence ès sciences physiques à l’encre noire sur papier, feuillet recto verso corrigé à l’encre rouge et noté «14», 27,3 x 18,1 cm.
Estimation : 10 000/15 000 €

Provenant de la descendance Jeanne Razet-Pétri, la fidèle collaboratrice de Marie Curie, ce devoir de licence en physique à la Sorbonne nous démontre le talent prometteur de la jeune scientifique qui obtiendra dix ans plus tard le prix Nobel.

Daté du 1er mars 1893, ce devoir de sciences a pour sujet la polarisation rotatoire. La jeune étudiante y a écrit à l’encre noire sur un papier à en-tête du laboratoire d’enseignement de la Faculté des sciences de Paris, dirigé par le professeur Edmond Bouty. Elle étudie sur deux pages la délicate manipulation pour mesurer un quartz sous différentes lumières. Elle y explique le choix de la lumière, blanche, jaune ou noire, puis les calculs d’angle et de taille de la pierre. Un travail d’une grande complexité, qui illustre le talent précoce de son auteure. Son identité ? Mademoiselle Maria Sklodowska.

Sous ce nom se cache la future Marie Curie, née à Varsovie en 1867 et arrivée en France en 1891. Deux ans plus tard, en juillet, elle est reçue première de sa promotion en licence ès sciences physiques, puis deuxième l’année suivante en licence de mathématiques. Elle rencontre en 1894 Pierre Curie, qui devient son mari et avec lequel elle découvrira la radioactivité naturelle en 1898 et recevra le prix Nobel de physique en 1903, soit tout juste dix années après la rédaction de ce devoir.

Pourtant, Marie Curie n’obtient que «14», son professeur ajoutant même une perfide appréciation : «Combien avez-vous fait de déterminations ?». Le commissaire-priseur Aymeric Rouillac avance qu’elle a sans doute été «saquée pour son statut de femme ou d’étrangère». La jeune femme dut d’ailleurs changer elle-même à la main le Mr en Mlle... Les professeurs de la Sorbonne avaient peut-être de quoi être un peu perturbés – ou jaloux – devant l’intelligence de cette Polonaise de 25 ans qui deviendra bientôt la première femme à obtenir le prix Nobel et la seule scientifique – hommes et femmes confondus – à l’avoir reçu deux fois (avec celui de chimie en 1911).

Devenue veuve en 1916, Marie Curie poursuivra son travail à l’Institut du radium jusqu’à sa mort, aux côtés de son inséparable collaboratrice Jeanne Razet-Pétri, à laquelle elle offrira ce souvenir de ses années d’études... tel un témoin de tout le chemin parcouru.

Mardi 26 mai à 14 h - Livres anciens et modernes
Mercredi 27 mai à 14 h - Bandes dessinées
Jeudi 28 mai à 14 h - Manuscrits, autographes, souvenirs historiques

Au sommaire du mardi rivalisent quelque deux cents lots de livres anciens et modernes, estimés pour la plupart à quelques dizaines ou centaines d’euros. Parmi les premiers, nous mettrons en avant un grand in-folio de Louis de Regemortes, Description du nouveau pont de pierre construit sur la rivière d’Allier à Moulins, imprimé à Paris en 1771 (800/1 200 €) – un ouvrage donné par le ministre de l’Inté- rieur au citoyen N. le Payen –, et du côté des seconds une édition originale de Maria Chapdelaine de Louis Hemon, illustrée par Suror-Côté, imprimée en 1916 à Paris et honorée d’une souscription du secrétaire d’État du Canada et du secrétaire de la Province de Québec (1 500/2 000 €). Après la dispersion de près de mille bandes dessinées le mercredi 27 suivra le jeudi une vente d’autographes et de souvenirs historiques : 231 lots qui comprendront aussi bien une miniature de livre du XVe siècle, peut-être rémoise, au thème rare d’Adam et Ève prenant conscience de leur nudité (1 500/2 000 €), qu’un devoir de physique effectué par Marie Curie, dix ans avant son prix Nobel (10 000/ 15 000 €), ou qu’une poire à poudre italienne du XVIIe en noyer en forme d’anneau, à incrustations d’os gravé et de nacre à motifs de fleurs et rinceaux (1 000/1 500 €).

Voir article page 143

VENDÔME 41 Route de Blois
Rouillac OVV, 02.54.80.24.24. Voir Gazette nos 8, 20.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :