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Un vanneau qui bat de l'aile

Samedi 14 décembre 2013

Cette semaine Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à Nadia qui souhaite connaître l’estimation d’une peinture.

Cette semaine Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à Nadia qui souhaite connaître l’estimation d’une peinture.

Ce week-end observez bien les terres labourées recouvertes de givre. Vous avez de grandes chances d’apercevoir d’importantes colonies d’oiseaux becquetant et tapotant le sol de leurs pattes. Ce sont des vanneaux huppés, comme celui de Nadia, qui font halte en Loir-et-Cher pendant leur migration. Cette œuvre sur papier en représente un de façon très réaliste, voir naturaliste. Juché sur un tertre, il semble prêt à s’envoler. L’artiste rends parfaitement la couleur verte-sombre brillante, caractéristique des plumes du dos de l'oiseau. Cette œuvre est signée« Wilquin » en bas à droite. Les seules références que nous avons sur un peintre de ce nom concernent deux artistes du XVIIème et un affichiste, prénommé André, actif entre les années 20 et 60… Rien à voir donc, avec notre vanneau ; à moins que cet artiste publicitaire ne se soit essayé à la peinture animalière une fois retraité… Mais est-ce bien ce nom sous cette signature ?

Représenter la faune ne s’improvise pas. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus dans ce domaine très spécifique. Certains peintres ont voués leur carrière aux sujets animaliers, à l’exemple de Roger Reboussin. Né à Sargé-sur-Braye en 1881, lycéen à Vendôme, il se découvre très tôt une passion pour la chasse et l’ornithologie. Amour de la nature et sens de l’observation font de lui un des artistes animaliers majeurs du XXème siècle, célébré en particulier pour ses représentations d’oiseaux. Comparé à Antoine-Louis Barye, le célèbre sculpteur animalier romantique, Reboussin conserve jusqu’à la veille de son décès, en 1965, le très prestigieux titre de Maître du dessin au Muséum d'Histoire Naturelle.Un voile reste à lever : la technique. Nadia nous décrit une peinture mais rien n’est moins sûr ! Une peinture est le plus souvent à l'huile et doit présenter de la matière en relief. Ici le support papier laisse penser à une aquarelle, mais les procédés de reproduction sont souvent très précis et une photographie ne peut apporter que des doutes. Il est donc capital d’observer cette œuvre physiquement pour trancher. Le nom, la technique, beaucoup d’incertitudes ! Ainsi cette pièce, bien que d’une belle qualité d’exécution, n’est, quoi qu’il en soit, pas l’œuvre d’un artiste reconnu et donc coté. Qui plus est, impossible de donner une estimation sans certitude quant à la technique. En attendant, comptez, en brocante, 5 € pour une reproduction et 30 € pour une aquarelle. Ou l'occasion d'une belle balade à travers la terre qui hiberne pour observer les oiseaux migrateurs !
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