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BD en céramique

Samedi 23 novembre 2013

Philippe Chancelier sollicite cette semaine les lumières de Me Philippe Rouillac, commissaire-priseur, au sujet d’un vase qui porte sous le pied « une écriture chinoise ».

Philippe Chancelier sollicite cette semaine les lumières de Me Philippe Rouillac, commissaire-priseur, au sujet d’un vase qui porte sous le pied « une écriture chinoise ».

Ce vase est dit de forme « balustre ». Le fond blanc très pur peut faire penser à de la porcelaine, mais en réalité il s’agit d’un grès fin. Il est orné sur la panse d’un riche décor polychrome et or figurant une procession de samouraï entourant leur shogun, un seigneur, qui se tient dans une chaise à porteurs. Probablement en route pour livrer bataille, ils cheminent entre des nuages d’or. Le col et le pied du vase sont ornés de motifs géométriques. Ce vase est typique de la production de la province de Satsuma, à l’extrême-sud du Japon. Ce foyer naît au XVIè et va ensuite considérablement se développer. Satsuma envoie ses potiers aux quatre coins du Japon d’où ils rentrent avec de nouvelles techniques comme celle du décor à l’or en 1793. Des potiers de la province sont présents à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris pour y présenter leurs œuvres. Le succès est considérable et participe largement à lancer la mode du japonisme en Occident. Les commandes à l’exportation affluent et Satsuma devient bientôt l’un des centres céramistes les plus importants du Japon. Mais intéressons-nous au décor. On remarque un dessin épuré. Les traits sont bruts et la ligne sobre. Seul l’or, en aplat comme en relief, lui donne un côté opulent. Pour comprendre la narration, il faut tourner le vase comme on tourne les pages d’un livre, ou plutôt d’une bande-dessinée.Les japonais sont forts d’une tradition picturale considérable bien qu’assez méconnue en Occident. Les fameuses estampes qui inspirèrent Monet ou Van Gogh ont occulté les e-makimono.Ces grands rouleaux peints narraient, dès le IXè siècle, toutes sortes de récits. Ils ont influencé toutes les pratiques iconographiques japonaises, telles celles sur le fabuleux coffre de Mazarin présenté cette année à Cheverny et maintenant au Rijksmuseum d’Amsterdam. Le décor de notre vase y participe à sa manière. Ces rouleaux sont également les ancêtres des mangas !

Ce vase de belle facture date de l’extrême fin du XIXè ou du début du XXè. La lecture du cachet (en idéogrammes japonais et non en« écriture chinoise ») nous permettrait d’identifier le potier. Sans les dimensions, il est difficile de donner une estimation précise mais sachez qu’une céramique restaurée, ou pire encore, cassée (comme c’est le cas ici au niveau du col) voit son prix divisé par 10 ! Pour une telle pièce isolée, comptez 15 euros en brocante.Consolez-vous en pensant qu’il y a très peu de chance pour qu’un exposant du festival BD Boum, qui se tient ce week-end à Blois, propose à son stand une BD… en céramique !
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