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Monnaie de singe !

Samedi 16 novembre 2013

Un lecteur de Saint-Ouen nous fait parvenir cette semaine la photographie d’une médaille antique. Il confesse l’avoir totalement décapée et s’interroge sur la différence entre monnaie et médaille. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.

Un lecteur de Saint-Ouen nous fait parvenir cette semaine la photographie d’une médaille antique. Il confesse l’avoir totalement décapée et s’interroge sur la différence entre monnaie et médaille. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur,lui répond.

Monnaies et médailles ont pour fonction majeure de diffuser une information, de raconter une histoire. Voici celle de la pièce de notre lecteur : Côté face une tête de femme entourée de poissons, et au revers un char à quatre chevaux. Cette femme est Aréthuse, une nymphe transformée en fontaine par la déesse Artemis. Fontaine qui se situe de nos jours en Sicile, en plein centre de Syracuse. Le char célèbre la victoire de Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, aux Jeux Olympiques de 388 av. J.-C. Nous pouvons donc conclure que cette pièce a été frappée dans un atelier de Syracuse entre le IVè et le Vè siècle av. J.-C. Mais alors, monnaie ou médaille ? Une médaille est une pièce métallique commémorative destinée à transmettre le souvenir d’un évènement ou d’un homme. Le diamètre important de celle-ci, 37mm, indiquerait une médaille. Mais l’Antiquité ne fait pas de distinction entre la médaille et la monnaie, cette dernière étant souvent frappée à l’occasion d’un fait important. Elle est donc à la fois moyen d’échange et monument historique.En revanche, on connait quelques rares exceptions qui ne peuvent être intégrées à un système monétaire, à l’image de ces grandes pièces d’argent frappées… à Syracuse ! Ce peut être le cas de la médaille de notre lecteur.

Quoi qu’il en soit, monnaie ou médaille, s’il est un élément essentiel de la pièce, c’est bien sa patine. Tout collectionneur vous dirait de ne jamais nettoyer une pièce. Cet acte détériore non seulement l’objet mais aussi sa cote. Gardons également à l’esprit que le marché des monnaies est gangrené par les faux ! Puni de mort en France jusqu’en 1832,le faux-monnayage remonte aussi loin que l’utilisation de monnaie. Il est à craindre que notre lecteur en soit victime… En observant la reproduction d’une monnaie de Syracuse de la même époque, on remarque de nombreuses différences. La frappe est« molle » et la Renommée, figure de la victoire, au-dessus du quadrige est absente, comme la légende« ARETHOSA » sous l’un des poissons du côté face. Précisément, il s’agit d’une libre reproduction du decadrachme de Syracuse, bien connu des numismates.

Cette pièce probablement fausse et dépouillée de sa patine aune valeur esthétique certaine, une valeur historique intéressante mais une valeur marchande très faible : environ 10 €.
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