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Du vinaigre de bon grès...

Samedi 09 novembre 2013

Cette semaine une lectrice de Souesmes nous fait parvenir la photographie d’un « pot ancien » dont elle souhaite connaître la valeur. Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, lui répond.

Cette semaine une lectrice de Souesmes nous fait parvenir la photographie d’un « pot ancien » dont elle souhaite connaître la valeur. Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, lui répond.

Il n’est pas toujours aisé de lever le voile sur la nature de certains objets…surtout sans pouvoir les prendre en mains ! Cette rubrique l’a prouvé plus d’une fois. En ce qui concerne les objets d’usage domestique, la multitude de pièces existantes rend la tâche d’autant plus ardue. Dans le cas de ce « pot » nous disposons de peu d’information. La lectrice nous indique qu’il est « gravé Cotelle Frères Lyon » et que cette entreprise n’existe plus depuis 1956. De forme tubulaire, il comporte un orifice en partie inférieure et est muni d’anses latérales. On devine une large ouverture supérieure. L’aspect plutôt granuleux et cette couleur rouille caractéristique ne laisse aucun doute sur la matière utilisée. Il s’agit du grès, une céramique très dure le plus souvent vernissée.Il apparait en Chine antique et se répand en Europe au XIVè, se prêtant tout aussi bien à la fabrication d’objets raffinés que rustiques. D’une grande étanchéité, il est très tôt destiné au stockage des liquides. Longtemps considéré comme plus noble que la terre cuite, ce matériau est particulièrement en vogue fin XIXè-début XXè. C’est à cette époque que de nombreuses manufactures ouvrent leurs portes en France, à l’image de Denbac à Vierzon.

Mais revenons à notre pot. L’orifice en partie inférieure sert à l’évacuation du liquide contenu dans ce récipient et recevait, à l’origine, un robinet. Vous l’avez probablement deviné, ce pot est un vinaigrier. Il sert à la fermentation, à la conservation et au soutirage de ce liquide. La fabrication domestique du vinaigre était une pratique très répandue. Dans chaque famille, les restes de boissons alcoolisées (du vin ou du cidre le plus souvent) étaient versés dans ce récipient où, par fermentation, l’alcool se transforme en acide acétique. Ce vinaigrier vient de Lyon, ville moins connue pour ce « liquide » qu’Orléans, capitale française de vinaigre. Fondée en 1394, la Corporation des vinaigriers, buffetiers, sauciers et moutardiers d’Orléans compte 300 producteurs de vinaigre au XVIIIè siècle ! Orléans est au vinaigre ce que Dijon est à la moutarde.

Cet objet date de la première moitié du XXè. Il n’a aucun intérêt esthétique, et même si cette entreprise a fermé ses portes, ce grès n’est pas rare. Il serait intéressant d’en connaître les dimensions pour savoir si c’est un vinaigrier domestique, pour une famille, ou pour un établissement, cantine ou restaurant. Si sa taille est comprise entre 20 et30 centimètres de haut, et qu’il est en bon état, comptez 10 € en brocante. Il ne vous reste plus qu’à lui redonner un robinet pour fabriquer votre propre vinaigre…avec du « vin d’Orléans » !
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