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La Renaissance entre guerres et religion

Lundi 13 avril 2020

extrait de "Adjugé ! La Saga des Rouillac"
par Aymeric Rouillac


"1492 est une date charnière de l’Europe occidentale, consacrant l’avènement de la Renaissance. Cette année-là, Christophe Colomb découvre l’Amérique pendant que les rois catholiques d’Aragon et de Castille conquièrent Grenade, un demi-siècle après la chute de Constantinople, la dernière représentante de l’Empire romain. Le monde a soif de merveilles et les princes également, comme François Ier construisant Chambord (cat. 24). Ils réunissent dans leur studiolo ou Wunderkammer les curiosités qui constitueront un jour les collections des musées contemporains. On y trouve parmi les trésors de la nature, ou naturalia, des ouvrages précieux en ambre de la Baltique. Finement sculpté, l’ambre est ensuite monté en chope par les orfèvres de Nuremberg ou d’Augsbourg (cat. 15).

Aux naturalia répondent les artificialia, modifiés par l’homme, comme ces « tableaux de plumes » rapportés de la Nouvelle Espagne et qui provoquent l’incrédu- lité du pape lui-même. Réalisés sous l’autorité de moines franciscains par des artisans plumassiers, ils combinent les techniques sacrées aztèques avec l’iconographie chrétienne. Le but était de convertir les cœurs par assimilation. Leur grande fragilité a provoqué leur disparition au fil des siècles. Découvrir une spectaculaire représentation de la Sainte Famille derrière le lampadaire d’un discret hôtel particulier tourangeau est une grande fierté (cat. 17).

Sur le vieux continent, la guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre est finie. Elle permet une meilleure circulation des personnes... et des idées grâce à l’invention de l’imprimerie en Allemagne. La comparaison de deux ouvrages de la même année, 1511, l’un imprimé, l’autre manuscrit, est un vrai bonheur. Je ne sais qui des douze petites enluminures du psautier tourangeau par le maître de Spencer VI (cat. 20) ou des dix-sept grandes planches du premier livre d’heures imprimé en France cette même année (cat. 18) l’emporte dans la grâce. (...)

La diffusion des idées et des textes, à commencer par la Bible, incite certains clercs à réclamer la Réforme de l’Église catholique. En vain. De sanglantes guerres de religion ravagent le vieux continent au XVIe siècle. Ni le délicat sourire champenois de la Vierge au raisin du Breuil Benoît (cat. 22) ni les subtils vers de Marguerite de Bretagne, Dame de Goulaine (cat. 19), ne parviennent à effacer les horreurs commises de part et d’autre au nom de Dieu. La Renaissance se transforme en moment de perfectionnement de l’art guerrier, dont on vante les mérites sur les tableaux et les tapisseries, comme à Bruxelles avec la suite du Triomphe de César (cat. 21)."
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