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Voyage en terre Helvète

Samedi 13 juillet 2013

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, examine un vase chamarré dont Marie-Odile nous envoie la photo.

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, examine un vase chamarré dont Marie-Odile nous envoie la photo.

Du grand lac de Genève aux vallées verdoyantes des Grisons, la Suisse n’en fini pas de livrer ses trésors. Moins connue que celle de Delft ou de Faenza, la faïence suisse recèle pourtant bien des attraits. Longtemps centrée sur la production d’objets utilitaires au décor sommaire, la faïencerie suisse connait un véritable renouveau au XIXème siècle avec l’expansion du tourisme. De petites manufactures familiales ouvrent leurs portes dans les villes de Bonfol, Thoune-Heimberg ou encore Simmental. Répondant à la demande des visiteurs étrangers, le décor des pièces de poterie se diversifie et se pare de couleurs attrayantes. Scènes campagnardes, troupeaux et fleurs sauvages, traités de manière naïve, comblent les attentes des montagnards du dimanche. Chacun emporte ainsi dans sa valise un peu du folklore helvètique. Cette faïence, nommée « poterie paysanne », est reconnaissable à son décor stylisé aux couleurs vives. Quelques rares modèles imitant la majolique italienne ancienne existent, mais l’essentiel de la production est orienté vers le thème campagnard. Le vase de notre lectrice présente une forme originale. La panse circulaire est aplatie. Le col est encadré par deux hautes anses quadrangulaires à décor de festons crème. Il reprend ainsi l’aspect archaïque des vases grecs antiques. L’objet est entièrement recouvert de motifs floraux stylisés se détachant sur un fond brun. Les fleurs apparaissent comme cernées, à l’imitation des vitraux du Moyen-Age. Ici, l’edelweiss, fleur des neiges, est à l’honneur et illumine de blanc la panse du vase. La signature d’une céramique est sa marque de fabrique. Au revers de notre vase, un petit carré blanc portant de curieux symboles et un nom « Thoune ». Thoune, porte d’entrée vers l’Oberland bernois, voit depuis l’arrivée du chemin de fer en 1859 se déverser des wagons de touristes en quête de grand air. La marque est celle de l’un des plus célèbres céramistes de la petite ville située sur les bords du lac et des pics enneigés de Thoune. Johann Wänzenried, officie à Thoune au tournant des XIXème et XXème siècles. Cette époque, entre 1880 et 1930, marque l’apogée de la production suisse, grâce à un style modernisé qui délaisse l’imagerie paysanne au profit de décors géométrisants.

L’état général de notre trésor semble bon. Il serait utile d’en connaître les dimensions. En vente aux enchères, comptez autour de 100 € pour un vase de ce type. Un bien joli souvenir de voyage, qui laisse flotter dans la maison le parfum de l’évasion. Et vous, quel trésor rapporterez-vous de vos vacances ?
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