Des fleurs pour la Saint-Valentin
Samedi 15 février 2020 à 07h
Cette semaine, notre lecteur nous fait parvenir la photographie d’une paire de vases boules. Me Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.
« Il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, plus que tout … » Tels pourraient être les mots d’une amoureuse pleine d’espoir effeuillant une marguerite un jour de Saint-Valentin. La paire de vases de notre lecteur invite à ce romantisme. En faïence craquelée à décor polychrome, ces vases présentent une forme boule qui se caractérise par un tout petit col et une très large panse. Sur celle-ci est peint un bouquet de fleurs. Ce décor est dit « chatironné », car l’artisan cerne ses figures d’un trait noir avant de poser la couleur. En ce sens, elle est une technique de coloration plus que de dessin qui se distingue du « décor fin » à main levée. Développée à son paroxysme dans la région de Strasbourg, cette dernière démontre tout le talent du décorateur qui pose d’un seul coup la couleur et le dessin.
Du décor des vases de notre lecteur, trois espèces de fleurs peuvent se distinguer. Des marguerites du cap peuvent être reconnues avec une certaine évidence grâce à leur bouton jaune et leurs pétales bleus. Un peu plus d’hésitation naît en ce qui concerne les autres fleurs. S’il semble se distinguer des roses au regard des feuilles dentées, la fleur rouge ressemble à s’y méprendre à une pivoine. Quant à la troisième espèce, de couleur mauve, elle pourrait être du genre des iris. Avec ce décor floral, le contenu est en accord avec le contenant. Un conseil, offrez à votre bien-aimée les mêmes fleurs que celles représentées. La marguerite est symbole de pureté, d’innocence et d’amour loyal, tandis que la rose rouge est la fleur de l’amour passionnel. Elle se marie à ravir avec l’iris violet qui sert à exprimer les sentiments les plus intenses. Rien de mieux pour la fête des amoureux !
Depuis l’Antiquité, il est de coutume de fêter l’Amour. Les grecs commémoraient le mariage de Zeus et Héra en organisant des processions. Chez les romains se tenaient les Lupercales. Ces festivités avaient pour but de célébrer la fertilité et l’Amour avec un grand A. Mais notre fête contemporaine tire son origine de la vie d’un prêtre romain officiant au IIIe siècle sous le nom de Valentin. L’histoire raconte qu’en toute clandestinité, il célébrait des mariages alors même que l’empereur Claude II les avaient interdits pour favoriser le recrutement de soldats. Démasqué, Valentin est immédiatement emprisonné. À ce moment, il rencontre la fille de son geôlier atteinte de cécité. Après lui avoir rendu la vue, Valentin est condamné à la décollation le 14 février 270. Il signe sa dernière missive amoureuse : « ton Valentin ». La fête des amoureux est née ! Le pape Gélase Ier l’officialise un siècle plus tard. Elle est reprise par la tradition populaire au Moyen-Âge avant qu’elle ne s’enracine véritablement au XXe siècle dans la culture populaire. Les vases de notre lecteur ne sont pas qu’un prétexte pour rappeler l’origine de cette fête. Difficile de les identifier à une manufacture, précise ou d’un lieu de production – comme de pouvoir les dater. Certainement de la seconde moitié du XXè. S’ils ont une valeur en brocante autour de 50 euros, en parfait état, ils sauront sans difficulté accueillir un joli bouquet en toute circonstance grâce à leurs belles dimensions. Le pouvoir des fleurs est sans limite. N’hésitez pas à en profiter. Belle Saint-Valentin !