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Tours : la Maison Rouillac a réalisé 68 M€ d'enchères en dix ans

Dimanche 02 février 2020

La Nouvelle République, Pascal Landré

Aymeric et Philippe Rouillac, en juin, au château d’Artigny, devant ces « Panthères » de Rembrandt Bugatti adjugées 1.364.000 euros.
Aymeric et Philippe Rouillac, en juin, au château d’Artigny, devant ces « Panthères » de Rembrandt Bugatti adjugées 1.364.000 euros.

La décennie qui s’achève a vu la maison d’enchères de Tours et de Vendôme « exploser » ses scores. La saga Rouillac n’en a pas fini.

Pour la Maison Rouillac, la dernière décennie qui vient de s’écouler ressemble à une décade enchantée. Leur « saga millionnaire ». Le duo de commissaires-priseurs installés à Tours et à Vendôme a cumulé, entre 2010 et 2019, plus de 68 millions d’euros d’enchères (84 M€ TTC), avec une progression annuelle moyenne de 19 %.

Certes, ça ne fait pas de ces ténors du marteau des mastodontes de l’enchère, comparé à de grandes maisons comme Drouot.
Le millésime 2019 aura été la troisième meilleure année de l’histoire des Rouillac avec 6,6 M€ (hors taxes) pour moins de 3.000 lots vendus. Dont la seule enchère millionnaire de tout le Val de Loire et l’ouest de la France avec Les Panthères du sculpteur Rembrandt Bugatti, adjugées en juin à la garden-party du château d’Artigny pour 1.364.000 euros.

Aymeric et Philippe, qui se définissent comme des « chasseurs de licorne », ont quand même inscrit le nom de la maison Rouillac une demi-douzaine de fois dans le club des maisons de ventes aux enchères millionnaires. Ils sont même montés sur la plus haute marche du podium français en 2013, avec la vente du coffre de Mazarin. « L’organisme indépendant Plimsoll, qui fait référence sur le marché, nous classe numéro un de la rentabilité en France », indique Aymeric Rouillac.

Depuis 1989, année de création de la Maison Rouillac, ce sont 500 ventes aux enchères qu’ont orchestrées Philippe et Aymeric qui a rejoint son père en 2010.

« Nous nous réjouissons aussi de l’emballement médiatique qui a accompagné notre aventure et de l’engouement des Français pour les ventes publiques. Jamais le monde des enchères, autrefois réservé à une minorité initiée, n’a suscité un tel intérêt de la part du grand public », observe Aymeric Rouillac.

En cette année 2020, on retrouvera les Rouillac au château d’Artigny, à Montbazon, pour la 32e vente garden-party, dimanche 7 juin, avec, nous annoncent-ils, « des trésors de la Renaissance française qui seront prochainement dévoilés au public ».
En novembre, la quatrième édition de la vente arts + design, au Centre de création contemporaine Olivier-Debré, à Tours, fera la part belle aux créations du 20e siècle avec notamment la collection d’un important promoteur immobilier breton collectionneur des sculpteurs Lalanne ou une commande particulière de Charlotte Perriand dans les années 50.

Au-delà des chiffres, un ouvrage de 320 pages et 450 photos tiré à 4.500 exemplaires, a été publié en novembre 2019 aux Éditions Monelle Hayot. Intitulé « Adjugé ! La saga des Rouillac », ce livre retrace les histoires inédites des belles enchères de la Maison d’enchères, dont ses treize millionnaires.

Le petit livre qui valait 600.000 euros

Un petit livre aux grands effets, qu’il fallait plutôt manipuler avec une certaine précaution…
Un petit livre aux grands effets, qu’il fallait plutôt manipuler avec une certaine précaution…

Ce fut l’une de mes plus jolies rencontres professionnelles de l’année dernière. Un petit livre de 11 x 7 cm relié comme on en voit dans les belles librairies anciennes. Nous sommes au début du printemps et, ce midi-là, comme nous en avons l’habitude depuis des années, je retrouve les commissaires-priseurs Philippe et Aymeric Rouillac pour la présentation de la prochaine grande vente aux enchères qui aura lieu au château d’Artigny, en juin.

Le duo de maestros du marteau aime ménager ses effets. Que vont-ils me sortir de leur coffre magique aujourd’hui ? Un Rembrandt ? Une Bugatti ? Un Rembrandt Bugatti ? Au moment du café, Aymeric Rouillac extrait de sa poche un petit objet enveloppé dans du papier de soie. Et me le tend.

Je découvre qu’il s’agit d’un exemplaire extrêmement rare du Gargantua et du Pantagruel de François Rabelais (Seuilly, 1483 ou 1494 - Paris, 1553), daté de 1542.

La présence avec nous de l’expert en livres de la Renaissance, Paul Veyssière, aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Cet ouvrage, vieux de près de cinq siècles, est un rarissime exemplaire de la première édition du texte définitif arrêté par Rabelais lui-même, qui en a supervisé en personne son édition, à Lyon.

Je tourne les pages, un peu fébrile. L’objet est si précieux ! Le Tourangeau que je suis a l’impression d’avoir un livre sacré entre les mains. Par réflexe, j’éloigne avec précaution ma tasse de café du livre, sur la table, quand Aymeric Rouillac m’annonce que la mise à prix démarrera à 60.000 € et que le seul exemplaire connu au monde comparable à ce petit bijou de la littérature – mais en moins bon état – s’est vendu chez Christie’s, à Londres, pour 120.000 €… Je repousse ma tasse de café un peu plus loin encore…

Quatre mois plus tard, le 16 juin 2019, au château d’Artigny, à Montbazon, Philippe et Aymeric pulvérisaient les derniers records mondiaux et adjugeaient ce petit livre de poche pour la somme de 490.000 €, sans les frais, soit, pour l’acheteur – un libraire de Chartres (Eure-et-Loir) – environ 600.000 €. Café compris.
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