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La justice reconnaît que trois œuvres offertes par Calder ne sont pas des contrefaçons

Jeudi 24 octobre 2019

France Bleu Touraine, Denis Guey

Christian Quenault et son avocat, Maître Marc Morin
L'affaire dure depuis 2008. Un ouvrier-chaudronnier d'Indre-et-Loire avait reçu en cadeau dans les années 70 une caisse de 13 œuvres de l'artiste Calder résident à Saché. La Fondation Calder les considérait comme des contrefaçons. Mais aujourd'hui la justice a tranché.

C'est un feuilleton judiciaire de huit ans qui se termine. Celui de l'affaire Calder. Et c'est aussi la fin d'un long cauchemar pour l'ancien ouvrier-chaudronnier tourangeau poursuivi par la Fondation Calder pour contrefaçon des œuvres du sculpteur. En première instance, en appel et en cassation, la justice a reconnu que les 13 sculptures mises en cause n'étaient pas des contrefaçons et qu'elles avaient bel et bien été offertes par Calder pour remercier l'ancien chaudronnier de son travail. Tout cela remonte aux années 70 dans l'atelier de Calder à Saché.

49 ans après, trois de ces œuvres vont être mises aux enchères le 17 novembre par la maison Rouillac à Tours. L'ouvrier qui en est propriétaire s'appelle Christian Quenault. Il sort enfin de l'anonymat et pour la première fois, il raconte sa relation avec l'artiste américain Alexander Calder.

"Je travaillais aux établissements Biemont de Tours à l'époque. Nous fabriquions des œuvres gigantesques pour Calder. J'allais souvent dans son atelier, c'était un homme gentil qui donnait souvent beaucoup de maquettes aux gens de Saché. Le maçon, le plombier, ou moi-même, tout le monde recevait des cadeaux. Un jour, il m'a dit : 'je vous fais un cadeau très, très vieux', avec l'accent américain. C'était des sculptures en fil métallique qui représentaient le cirque et il y avait aussi des stabiles et des mobiles - Christian Quenault "

Les voltigeurs offerts par Calder à Christian Quenault - Aymeric Rouillac
Les voltigeurs offerts par Calder à Christian Quenault - Aymeric Rouillac


Retour sur l'épilogue de cet interminable affaire Calder et sur le soulagement de cet homme injustement soupçonné de contrefaçon pendant au moins huit années. C'est en 2008 quand la ville de Tours a demandé à Christian Quenault ses cadeaux pour l'exposition "Calder en Touraine" qu'ont débuté les premiers ennuis de l'ancien chaudronnier avec la Fondation Calder. Christian Quenault voit là l'occasion d'exposer les 13 sculptures dont Calder lui a fait cadeau dans les années 70. La ville de Tours lui demande de les faire authentifier par la Fondation Calder. Mais celle-ci va poursuivre l'ancien chaudronnier pour contrefaçon. Successivement, le tribunal de grande instance de Paris, la Cour d'Appel, et enfin en 2005 la Cour de Cassation vont reconnaître les sculptures possédées par Christian Quenault comme de vrais Calder. C'est donc la Cour de Cassation qui met fin au feuilleton judiciaire.

"De fait, la justice a quelque part authentifié les cadeaux offerts à monsieur Quenault comme étant des œuvres de Calder, au regard d'une instruction particulièrement minutieuse. Il y a donc maintenant autorité de la chose jugée ce qui a permis à monsieur Quénault de retrouver ses œuvres - maître Morin, avocat de Christian Quenault"


Les trois œuvres qui seront mises aux enchères par la maison Rouillac le 17 novembre à Tours sont une sculpture en fer représentant des acrobates dans un cirque, un dragon en métal et un petit acrobate en fil de cuivre. Mise à prix : 10.000 euros pour les deux premières, 1.000 euros pour la troisième. Pour Christian Quenault, ce sera une sorte de réhabilitation après une injustice réparée.
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