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De l’argile à l’architecture en passant par les tuiles.

Samedi 19 octobre 2019 à 07h

Cette semaine Christian un Loir-et-Chérien interroge Aymeric Rouillac commissaire-priseur sur une tuile…



Il nous a fait parvenir une tuile faîtière dont il ignore l’histoire. En ces Journées nationales de l'architecture du 18 au 20 octobre 2019 rappelons l’origine de ces tuiles.

Née en Chine il y a 6.000 ans on retrouve les tuiles sur les toits les plus prestigieux comme celui du Palais d'été ou de la Cité interdite à Pékin. En France, on associe l’usage de ces tuiles multicolores à la Bourgogne, mais les plus anciens témoignages de cette pratique sont attestés à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle en Normandie et en Île-de-France. L’usage des tuiles glaçurées en Bourgogne remonte seulement au XIVe. Symbole de prestige par excellence, elles reflètent la puissance du propriétaire de l’édifice. Les toits sont constitués de tuiles plates vernissées et dessinent des motifs colorés. Au XIXe, la dénomination « toit bourguignon » est devenue synonyme des toitures polychromes. Les Hospices de Beaune, la cathédrale Saint-Bénigne ou encore l’Hôtel de Voguë à Dijon sont les principaux témoignages de cette tradition.

Les toitures les plus modestes sont traditionnellement recouvertes de bois, de chaume, ou mieux d’ardoises. Les tuiles sont fabriquées à la main jusqu'au milieu du XIXe. Les tuileries s'implantent généralement près d’un gisement d'argile et de sable ainsi que d'une forêt pour alimenter les fours en bois. Les techniques de fabrications, sont le plus souvent assez simple, ainsi, les tuiles demi-cylindriques étaient souvent moulées… sur la cuisse des dames ! Certaines tuiles en terre cuite sont enduites d’une glaçure dite alcaline à base de sel, de plomb ou d'étain. Elles prennent leur couleur avec la cuisson au four. On les appelle aussi des tuiles plombées ou glaçurées. À la suite d'une seconde cuisson, les sels fondent et donne l'aspect glacé. En mélangeant diverses formules on obtient les différentes teintes : jaune, orange, vert ou encore rouge. Celle de Christian est de couleur chocolat, elle semble être de grandes dimensions. Elle est ornée de boutons assez grossièrement modelés à la main servant à les poser facilement. Ces boutons forment la décoration de la crête du faîtage. La tuile de notre lecteur se positionne à l’extrémité d’un toit, elle est surmontée d’une boulle permettant de mettre en valeur l’extrémité du toit. Outre l’aspect décoratif, l’utilisation d’une terre vernissée permet de rendre moins perméable à l’humidité et donner moins de prise au vent, car le vent n’agit pas sur une surface polie comme sur un corps rugueux. Cet objet maintenant de curiosité relevant de l'art populaire au bon sens du terme, paraît en bon état, son estimation peut être comprise entre 40 et 50 €. La provenance du Bessin près de Bayeux avancée par Christian n’est pas attestée, on retrouve de nombreuses tuileries dans cette région mais le plus souvent non vernissées, la production est plutôt à rapprocher du travail des potiers de Bavent toujours en Normandie. Pour avoir une idée plus précise sur l’atelier de production il faudrait regarder au revers la présence d’une marque en creux. Sinon n’hésitez pas à rendre visite au musée de Romorantin, la collection de Michel Pasquier présente presque 7000 pièces ! des épis de faîtage et des décors de faîtière provenant du monde entier. Un régal pour les yeux !
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