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Un plat pour la barbe… à Papa !

Samedi 05 octobre 2019 à 07h

Cette semaine Jean de Vineuil s’interroge sur un plat barbe hérité de sa grand-mère. Aymeric Rouillac commissaire-priseur, nous donne son avis.



Aujourd’hui désuet et remplacé par des tondeuses électrique, ce curieux plat était l’allié traditionnel du parfait barbier pour lutter contre le poil ! Le métier de barbier voit le jour dans l’Europe du Moyen Âge. Outre le rasage, le barbier effectue de la petite chirurgie comme saignées, pose de ventouses, arrachage de dents ou réalisation des pansements. Au XVIIe siècle, Louis XIV crée la corporation de barbiers-perruquiers afin de les taxer et renflouer les caisses de l’état. Cette corporation devient rapidement l’une des plus riches et des plus honorables de Paris. Très prospère, elle jouit de nombreux privilèges. Dès lors leur fonction se concentre à l’entretien du visage, avec le rasage du crâne, indispensable pour le port de la perruque. Dans les zones rurales de France, le barbier reste jusqu’à à la fin du XVIIIe siècle un « médecin du pauvre ». À la révolution française, la loi le Chapelier met fin aux corporations entrainant celle des barbiers-perruquiers.

L’utilisation d’un plat dédié au rasage remonte à la fin du XVe siècle. Il pouvait être en étain, en argent, en métal argenté ou en cuivre, mais aussi en verre, en cristal, en tôle et en bois. Celui de notre lecteur est en faïence. Cet élégant plat est fréquemment accompagné d'un pot à eau chaude et d’un coupe-chou. Ce bassin de forme circulaire ou ovale est à large marli relevé vers l'extérieur, le marli étant la partie d’un plat ou d’une assiette qui se trouve entre la bordure et le bassin. Il est doté d’une large échancrure permettant au barbier de le placer sous le menton de ses clients afin de les raser. Comme sur le plat de Jean, il pouvait y avoir également, une ou plusieurs petites cavités ovales. Elles ont pour utilité de faire mousser le savon et reçoivent également une boule, le plus souvent en buis, glissée par le client entre la mâchoire et la joue pour tendre la peau et faciliter le rasage. La boule pouvait être remplacée par une cuillère : c’est ce qu’on appelait autrefois le rasage « à la cuillère ». Cela consistait à mettre la cuillère dans la bouche du client, coté bombé vers la joue, pour donner du relief, évitant ainsi de taillader la peau. En effet de nombreux hommes n’avaient plus beaucoup de dents et donc leur joues étaient creusées ce qui rendait le rasage compliqué. En cas de blessures, ill pouvait également y placer la pierre d’alun utilisée comme astringent sur les plaies. Il est doté d’un petit trou sur le talon arrière permettant de l’accrocher au mur. Il reçoit un beau décor polychrome peint dans le bassin d’un paysage arboré et sur le pourtour, d’une frise de rameaux fleuris. La bordure est soulignée d’un filet bleu. Bien qu’il n’y ait aucune marque au revers, le décor peut être rapproché de la faïence de Quimper. Ce plat, très décoratif, date probablement de la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. Son estimation est comprise entre 50 et 80 euros.

Cher Jean accrochez ce beau plat au mur, il sera du plus bel effet !
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