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Du béton et non de la pierre pour les 70 ans de la Trinité de Blois

Samedi 21 septembre 2019 à 07h

Cette semaine Hélène, blésoise, nous présente deux bas-reliefs, Aymeric Rouillac Commissaire-Priseur nous donne son avis.



Notre lectrice de la semaine s’interroge sur deux bas-reliefs en béton conservés dans son jardin, l’un à décor d’un homme barbu et l’autre représentant un enfant en buste les mains jointes dans une position de prière. Hélène nous confie avoir fait des recherche sur ces œuvres et qu’elles sont à rapprocher de la sculpture de la façade au-dessus du narthex de la Trinité de Blois, le narthex désigne, l’espace d’entrée intermédiaire extérieure avant d'accéder à la nef. Au début des années 1930 le Père Clovis de Provins demande à Paul Rouvière, architecte de reprendre les travaux de la basilique interrompus pour des questions budgétaires. Il décide de modifier le projet de son prédécesseur et de faire intervenir les artistes modernes pour les ornements de l’édifice. Membre de l’UAM, Union des Artistes Moderne, un mouvement d'artistes décorateurs et d'architectes fondé en France en 1929 par les figures importante de l’Art déco dont Robert Mallet-Stevens. L’architecte va faire la rencontre d’artistes de renom pour participer à son projet comme Jean Puiforcat orfèvre, Jean Lambert-Rucki, sculpteur du monumental chemin de croix et les vitraux de Barillet. Enfin, il confie aux frères Jan et Joël Martel de réaliser un haut relief et les piliers de l’entrée de la basilique. Cependant, Paul Rouvière décède avant la fin de l’achèvement de la basilique, le projet ensuite confié à Yves-Marie Froideveaux, architecte des bâtiments historiques. Avec ce projet, les jumeaux Martel s’attèlent à leur plus monumentale sculpture, ils avaient déjà été mandatés en 1935 par la compagnie générale Transatlantique pour l’autel de la chapelle du paquebot Normandie. L’ornement de la façade volontairement sobre permet ainsi, selon Paul Rouvière, de « spiritualiser le béton ». Le spectaculaire haut-relief nécessitera près de 90 tonnes de béton, et mesure près de 15 mètre de hauteur, il représente la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le haut relief représente en son centre Jésus Christ sur la croix, au-dessus Dieu le Père les mains ouvertes et la colombe symbolisant l’Esprit Saint. Au pied de la croix sont représentés selon les Évangile : la Vierge Marie, mère de Jésus, sa tante et Marie-Madeleine. Deux autres personnages y figurent : une femme et un enfant en prière, le symbole de l’humanité. L’un des éléments soumis représente, en bas à droite le buste de cet enfant. L’autre élément, le buste d’homme barbu provient du pilier gauche du narthex. Il représente vraisemblablement le prophète de l’Ancien Testament Jérémie, tenant dans sa main droite un parchemin. Les 10 personnages des deux piliers s’inspirent des statues colonnes du portail Royal de Chartres du XIIe.

Le haut relief et les piliers de la Trinité comme tout le bâtiment sont réalisés en béton, matériau moderne et économique. Sa belle couleur dorée - qui donne l’illusion de la pierre - s’explique par l’emploi d’un procédé de « soufflage » fait avec le sable de Loire qui décape le gravier du béton. Les deux éléments d’Hélène sont en béton restés bruts. Ils sont de bonne taille, probablement des essais grandeur nature. L’élément figurant le buste de l’enfant en prière mesure près de 1mètre 25 sur 85 cm, l’autre élément 95 cm de haut et 70 cm de large. Pour authentifier les profils sculptés il faudrait les comparer aux maquettes conservées au musée des années 30 à Boulogne Billancourt. Alors nous pourrions les évaluer à plusieurs centaines d’euros aux enchères – qui sait ? Mieux ces bas-reliefs auraient toute leur place au musée d’art religieux de Blois, situé aux Jacobins…

Chère Hélène, chers lecteurs profitez des journées du patrimoine pour découvrir ou redécouvrir ce chef d’œuvre sacré de l’Art Déco, la Basilique de la Trinité de Blois. Le concert de Carillon en lui-même en vaut la peine avec ses quarante-huit cloches.
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