FR
EN

Enfourchez votre grand Bi sur les routes de la rentrée

Samedi 31 août 2019 à 07h

Cette semaine, Catherine une loir-et-chérienne nous fait parvenir la photo du vélocipède de son grand- père. Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, nous donne son avis.



À l’heure où les trottinettes électriques sillonnent les rues de la capitale, au début du XIXème siècle, une autre musique raisonne sur les pavés parisiens avec l’apparition de la draisienne. Venue d’Allemagne, elle est introduite en France par Karl Drais en 1818 qui lui donne son nom. L’engin possède deux roues en bois de même diamètre, reliées par un cadre en bois mais sans pédales. Il faut avancer avec ses pieds. Son succès est limité car très peu pratique. En 1869, Pierre Michaux et son fils Ernest serruriers originaires de Bar-le-Duc, ont eu l’idée d'ajouter des pédales, alors qu’ils réparaient une vieille draisienne. Cette modification permettait ainsi d’obtenir un mouvement continu sans avoir à toucher terre. Une bonne agilité était néanmoins nécessaire pour le maitriser car la roue avant pouvait mesurer jusqu’à 3 mètres de diamètre ! L’engin baptisé « vélo bi » ou « grand bi » est construit tout en bois ; il est aussi appelé la « Michaudine ». Il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que le fer puis l’acier se substitue au bois. Ils sont rapidement équipés de freins, au départ à patin, puis avec l’apparition des pneus, ils sont à mâchoire comme sur la plupart des vélos actuels.

Le vélo de notre lectrice est assez perfectionné et date probablement du début du XXème siècle. En effet, les roues sont composées de rayons métalliques autour d’un axe central permettant d’alléger le vélo et de gagner en vitesse. Il est aussi équipé d’un garde boue, de pneus démontables et d’une chambre à air ; mis au point par la célèbre entreprise des frères Michelin. De plus, son pignon semble être mobile contrairement à ceux du XIXème siècle. C’est en Angleterre que le vélocipède se perfectionne et prend la forme que nous connaissons actuellement avec les roues de mêmes diamètres reliées ensemble par un pignon à dents et une chaine d’entrainement. Il prend le nom anglais de « bi-cycle », qui devient bicyclette en français. Véhicule populaire par excellence, son succès incite à la création du célèbre Tour de France en 1903.

Bien que le Grand bi de Catherine ne soit pas un des tous premiers modèles, son estimation peut tout de même être comprise entre 200 et 300 euros, sous réserve d’une marque de fabricant éventuelle, ou plaque d’identification. Il semble même avoir été modifié au cours des années avec l’ajout d’une sonnette, du caoutchouc sur les poignées du guidon, et le remplacement vraisemblable de la selle pour plus de confort. Les premiers modèles de vélocipède peuvent atteindre des prix important comme le grand bi du curé de Saint Laurent en Gâtines de 1860-1865 aux pédales en bois- dont la presse nationale s’était fait l’écho - qui lui permettait d’aller confesser les religieuses du couvent de Touraine à proximité, vendu pour 23.000 F. en 1999 au musée du cycle à Jargeau.

En cette période de rentrée reprenons les chemins de l’école à Bicyclette comme le chantait si bien Bourvil « quand on partait de bon matin »...
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :