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Samedi 09 mars 2013

Cette semaine, c’est un livre que nous fait parvenir Joëlle de Villiers-sur-Loir. Est-il rare ? Quelle est sa valeur ? Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Cette semaine, c’est un livre que nous fait parvenir Joëlle de Villiers-sur-Loir. Est-il rare ? Quelle est sa valeur ? Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Rivière familière baignant les vénérables pieds de la Trinité, le Loir s’il prend sa source dans le perche a élu Vendôme pour capitale. Dans sa course tranquille, parcourant quatre départements, il caresse de ses méandres les vestiges féodaux de Lavardin et de Trôo pour terminer son périple bucolique dans la Sarthe. Le chantre le plus connu de le Vallée du Loir est naturellement Pierre de Ronsard. À l’ombre de l’homme illustre, nombreux sont les écrivains, poètes et artistes d’hier et d’aujourd’hui qui œuvrent au fil du Loir. Edmond Rocher (1873-1948), l’auteur du livre appartenant à notre lecteur intitulé « La Vallée du Loir à travers le Vendômois », est de ceux-là. C’était un artiste accompli : romancier, poète, illustrateur et graveur ; et surtout un amoureux de la Vallée du Loir. Hommage à son illustre prédécesseur, il publie « À l’ombre de Ronsard » dans lequel il qualifie le cours d’eau de « Paradis du poète ». Son œuvre gravée comporte essentiellement des vues du Loir qu’il montre immuable, comme Ronsard pouvaient le contempler jadis. Dessinateur, Edmond Rocher dépeint le Loir dans ses poèmes comme il exécuterait un tableau. Sensation du vent, clapotis de l’eau et jeux de lumière y sont minutieusement décrits dans une volonté synesthétique, c’est-à-dire de mélange et d’association des sens. Pour Rocher comme pour Ronsard, la nature est art…et inversement. L’art livresque conjugue aussi les sensations. Toucher d’une belle reliure, lecture et appréciation des illustrations…parfum des vieilles bibliothèques !

L’expertise d’un livre se construit sur plusieurs critères : célébrité de l’auteur, importance historique du sujet, époque, reliure, exhaustivité et état en sont les principaux. Rocher n’a pas la renommée de Ronsard. Le sujet qu’il traite est particulier et touchera principalement des passionnés et amateurs de cette chère rivière. Il est illustré de xylogravures, des reproductions d’images par estampage à partir d’une plaque de bois gravée, une technique apportant vigueur et profondeur au dessin. Le livre est un peu écorné, il a été rédigé en 1908 et imprimé à l’Imprimerie de l’École Nationale Estienne, une école d’arts appliqués où Rocher a travaillé. La couverture est attrayante, on y voit un paysage de bord du Loir printanier avec un arbre têtard et sous des branches de symphorine, Le Carillon de Vendôme « Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry… ». Une réédition est commercialisée à Vendôme par « Cherche-Lune ». Comptez environ 60 euros en ventes aux enchères pour cette édition originale, sous réserve d’une expertise physique. Pour le plaisir, laissons-nous aller doucement vers le printemps au fil du Loir et des vers d’Edmond Rocher. « Avoir une maison rustique près du Loir, Deux peupliers chanteurs sur la berge fleurie, Une barque amarrée au bord de la prairie, Sur le rêve de l'eau que brise un déversoir. ».
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