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Souvenirs d'une prison dorée

Samedi 02 février 2013

Cette semaine, André, de Blois, nous fait parvenir deux dessins chargés d’histoire. Quelle est leur valeur ? Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Cette semaine, André, de Blois, nous fait parvenir deux dessins chargés d’histoire. Quelle est leur valeur ? Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

On croit entendre le brame ! Devant la silhouette de ce château au crépuscule, nous distinguons un toit aux 365 cheminées… Chacun y reconnait Chambord et son canal! Depuis les illustres architectes qui ont édifié sa construction à nos aquarellistes modernes, de très nombreux artistes ont représenté le fameux domaine. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de vous présenter le 9 juin au château de Cheverny les rarissimes dessins de Chambord par Félibien, commandés par Louis XIV à la fin du XVIIème siècle !
Les lumières automnales et l'écrin de verdure de la folie du roi François Ier en font un sujet de choix pour les artistes. Cela n’a pas échappé à notre aquarelliste, qui est arrivé là malgré lui. En effet, André nous précise que l’auteur de son trésor n’est autre qu’un prisonnier allemand détenu à Chambord pendant la Seconde Guerre mondiale. Le père de notre lecteur est à cette époque le cuisinier du foyer où se trouve l’artiste, un dénommé Toni Schlemer. Le prisonnier lui offre alors ces dessins. Un gage de reconnaissance, à n’en pas douter. L’un représente une modeste bâtisse en équerre au creux de la forêt domaniale en 1945. Le foyer où œuvrait le père d’André ? L'autre, la façade nord du château en 1946. Dans le parterre paissent tranquillement des vaches… L’artiste s’est attaché à rendre un joli effet de ciel rosé.On observe une vraie minutie dans le traitement tant de la façade que de la végétation. Le rendu aérien et translucide du dessin est dû à l’emploi de l’aquarelle. Cette technique picturale mêlant pigments libres à l'eau est facile à préparer et sèche très vite, ce qui en fait le médium idéal des peintres de plein air.
Le nom de Toni Schlemer s'est perdu dans l’histoire de l’art. Il n’apparait ni dans les livres des musées, ni dans les ouvrages de références ou les catalogues de salles des ventes:ni un professionnel ni un néophyte, simplement un honnête amateur. Comme le dit notre lecteur, leur valeur est plus sentimentale que commerciale. En vente publique, comptez une cinquantaine d’euros pour ces souvenirs émouvants d’une prison dorée. Si l'un d'entre vous a des éléments à apporter à André... qu'il écrive au journal, car notre lecteur serait heureux de retrouver sinon l'artiste du moins sa famille.
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