FR
EN

Paul Gauguin: découverte d’un premier dessin orléanais de l’artiste

Dimanche 19 mai 2019

Magcentre

L’étude de Maitres Rouillac, père et fils, propose chaque année lors de la vente-garden party du Chateau d’Artigny des découvertes qui ne manquent pas d’intéresser les amateurs d’art et de son histoire. Après l’extraordinaire enchère du coffre en laque du Japon de Mazarin, acquis en 2013 par le Rikjsmuseum d’Amsterdam, la vente 2018 proposait encore quelques pépites comme ce tableau inconnu des frères Le Nain ( XVIIe dont nous avons parlé ici), et la vente 2019 sera l’occasion d’une révélation qui ne peut qu’émouvoir les amateurs orléanais avec ce premier dessin de Paul Gauguin de 1865, alors âgé de 17 ans et élève du Lycée Impérial d’Orléans, œuvre de jeunesse curieusement intitulé “Chalet suisse en bord de Loire”.

Paul GAUGUIN Chalet suisse en bord de Loire, 1865 <br />
Encre de Chine et aquarelle sur papier Canson, signée en bas à gauche ” Gauguin. P. ” et datée en bas à droite ” le 2 juillet 1865 “.Haut. 25, Larg. 39,5 cm.
Paul GAUGUIN Chalet suisse en bord de Loire, 1865
Encre de Chine et aquarelle sur papier Canson, signée en bas à gauche ” Gauguin. P. ” et datée en bas à droite ” le 2 juillet 1865 “.Haut. 25, Larg. 39,5 cm.

“[…]vous rêverez avec Paul Gauguin, qui, comme Arthur Rimbaud six ans plus tard, est gagné par l’appel du large, plaçant son chalet suisse au bord d’une étendue d’eau, et se représentant en marinier, seul homme parmi six femmes des alpages, regardant la voile carrée d’une gabare… Invitation au voyage ou Chalet du jouïr en devenir au bord de la Loire ? On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans !” Aymeric Rouillac

Ces découvertes, si elles sont souvent le fruit du hasard, sont aussi, pour ces commissaires priseurs, l’occasion d’enquêtes auxquelles ils se livrent avec passion, comme cette investigation très complète qu’a réalisée il y a quelque temps, Philippe Rouillac au sujet de l’itinéraire très obscur du tableau de Courbet, l’Origine du Monde (Musée d’Orsay). Et cette fois, c’est le fils Aymeric Rouillac qui mène l’enquête au sujet de ce dessin de Paul Gauguin apportant ainsi un éclairage nouveau sur les années de jeunesse de l’artiste qui fit une grande partie de ses études à Orléans, et qui, comme ce premier dessin le prouve, y réalisa ses premiers dessins sous la houlette de son maître d’alors, Charles Pensée, un dessin du chalet suisse retrouvé dans les carnets du professeur orléanais en apporte la confirmation indubitable! On pourra lire avec intérêt l’intégralité de cette étude sur le site de la maison Rouillac qui offre des pistes nouvelles de la formation du jeune artiste.

Et bien sûr, cette découverte ravit à plus d’un titre notre spécialiste orléanais de Paul Gauguin, Christian Jamet qui depuis des années creuse et fouille inlassablement les archives locales (dont une partie fut malheureusement détruite pendant la dernière guerre) pour mieux comprendre la scolarité orléanaise de Paul Gauguin et surtout éclaircir la formation intellectuelle et religieuse de ce peintre à la spiritualité si marquée dans ses œuvres les plus connues. Comment comprendre le Christ Jaune si l’on ne se réfère pas aux années de formation spirituelle du futur peintre devenu athée ? Les années orléanaises du jeune Gauguin et son passage au petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin dirigé à cette époque par Mgr Félix Dupanloup sont sans aucun doute une clef pour apprécier l’œuvre d’un des peintres majeurs du XIXe siècle, tel est la conviction de Christian Jamet qui publiera en fin d’année une réédition entièrement revue et augmentée de son ouvrage sur “Gauguin à Orléans”.

7 rue Tudelle Orléans
7 rue Tudelle Orléans

Les travaux de Christian Jamet ont aussi été l’occasion de découvrir une erreur quant à l’attribution de la maison de Gauguin par la ville d’Orléans qui a apposé une plaque sur le numéro 7 de la rue Tudelle alors que les archives indiquent le quai Neuve Tudelle, donc l’actuel quai de Prague. Erreur ou négligence, la ville n’a jamais semblé trop s’intéresser à l’un de ses plus illustres habitants, hormis l’acquisition en 1964 d’une œuvre par le Musée des Beaux Arts (“La fête Gloannec” qui comporte curieusement l’empreinte digitale du peintre), le retour dans le patrimoine orléanais de ce dessin (estimé à 50.000 € lors de la vente du 16 juin) serait un signe fort et bienvenu de reconnaissance pour cet artiste mondialement connu…

GP
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :