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Loiret : la vente aux enchères d'objets gaulois par les Rouillac sera-t-elle perturbée ?

Jeudi 02 mai 2019

La Nouvelle République, Alexis Couturier

A vendre par Aymeric et Philippe Rouillac samedi, ces objets propriété d’un couple de Tavers ont été mis au jour illégalement selon une association. La vente a tout de même été autorisée.
© Photo NR

La maison Rouillac de Vendôme et Tours doit vendre, samedi, 65 objets gaulois découverts en 2012 à Tavers (Loiret). Une association remet en question la légalité de cette vente.

Aymeric et Philippe Rouillac se trouvent au cœur d’une bataille menée par l’association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (Happah). Les commissaires-priseurs basés à Vendôme et Tours doivent diriger samedi à Meung-sur-Loire, une vente de 65 objets gaulois découverts chez un couple de retraités par des chercheurs de trésors en 2012 à Tavers (Loiret). Sauf que l’association Happah – qui regroupe vraisemblablement des archéologues et passionnés d’archéologie – a, ce lundi, déposé plainte contre X auprès du procureur de la République d’Orléans, pour « destruction de site archéologique » et « aliénation d’objets découverts dans le cadre de fouilles illégales », indique-t-elle sur son compte Facebook.

Fouille illégale selon une association

« Cette fouille n’a jamais été autorisée par les services de l’État. Elle est donc parfaitement illégale au sens de l’article L544-1 du code du patrimoine », détaille l’association. Ainsi, « la vente pourrait elle aussi être illégale », ajoute-t-elle, déclarant qu’elle poursuivra ses démarches devant la justice, « même si le dépôt de Tavers est acheté. »

Dans ce qui pourrait ressembler à une contre-attaque, Philippe et Aymeric Rouillac ont eux aussi porté plainte, ce lundi, auprès du procureur de la République d’Orléans. « Mais nous n’avions pas connaissance de la plainte contre X lorsque nous avons déposé la nôtre », expliquent-ils.

Les Rouillac attaquent

La plainte des Rouillac, pour « menaces de trouble à l’ordre public », est nominative et vise six agents publics travaillant dans le milieu de l’archéologie. Les commissaires-priseurs estiment même avoir été victimes d’ « injures et de diffamation publiques. » Ciblés notamment, des messages postés sur l’événement Facebook « Tous chez Rouillac ! », où il aurait été suggéré de « roter et péter pendant la vente et bouffer du kebab à l’oignon cru pour mettre l’ambiance », détaille Philippe Rouillac, qui précise : « On a les captures d’écran. » Sur le fond de l’affaire, il rappelle que « la vente a été autorisée par le ministre de la Culture et par l’administration. L’administration a confirmé la pleine et entière propriété de ce couple. Et nous n’avons pas à nous prononcer sur les modalités de la découverte de ces pièces. S’il y a eu dysfonctionnement, c’est celui de l’administration, pas le nôtre. »

Une collection classée “ trésor national ”

Objet de cette bataille, la collection qui date d’il y a 2.600 ans, mise à prix 50.000 €, a davantage sa place dans un musée que chez un particulier selon certains archéologues. C’est que les découvertes de Tavers se sont révélées particulièrement remarquables. « Ce dépôt mélange des objets à la fois masculins et féminins, d’adultes et d’enfants », écrivaient dernièrement les archéologues Pierre-Yves Milcent, Christian Cribellier et Arthur Tramon dans la revue Gallia. « Généralement, les dépôts du nord de la France ne présentent pas une telle mixité. » En 2018, ces objets ont été classés « trésor national ».

C’est la raison pour laquelle, même vendus, ils ne pourront quitter le territoire national pendant 30 mois. Une offre d’achat a été faite par le Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, mais le prix d’achat a été jugé trop bas par les propriétaires. A noter qu’il devrait s’agir de l’un des derniers trésors archéologiques à pouvoir être ainsi mis en vente aux enchères. Depuis une loi du 7 juillet 2016, un trésor trouvé chez un particulier appartient à l’État.
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