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Trésor gaulois de Tavers : le commissaire-priseur porte plainte à son tour

Mardi 30 avril 2019

France Bleue Orléans, François Guérroult

Quelques pièces du trésor gaulois et le marteau du commissaire-priseur © Radio France - François Guéroult
Une page "Tous chez Rouillac" a été créée sur Facebook appelant à venir perturber la vente aux enchères. - Capture d'écran Facebook

Nouveau rebondissement dans l'affaire du trésor gaulois qui doit être vendu aux enchères samedi 4 mai à Meung-sur-Loire (Loiret) : le commissaire-priseur Aymeric Rouillac porte plainte contre ceux qui appellent à "entraver la vente", notamment des archéologues de l'INRAP.

La polémique n'en finit pas autour du trésor gaulois de Tavers ! 65 objets métalliques - essentiellement des colliers et des bracelets - datant du premier âge du fer seront mis aux enchères en un seul lot samedi 4 mai au château de Meung-sur-Loire. Ce trésor a été découvert en février 2012 dans un champ d'un couple d'agriculteurs à Tavers. Les conditions de la découverte sont contestées - le couple avait permis à des chasseurs de trésor de venir avec des détecteurs de métaux, sans que la préfecture ne leur délivre d'autorisation de fouille. D'où la plainte contre X déposée hier par l'association "Halte au Pillage du Patrimoine Archéologique et Historique" pour destruction d'un site archéologique et fouilles sans autorisations.

Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur qui procédera à la vente samedi, estime qu'il ne lui appartient pas de se prononcer sur les conditions de la découverte : à ses yeux, les faits sont de toute façon prescrits. Il rappelle en revanche que la vente est tout à fait légale et que l'Etat ne s'y est d'ailleurs pas opposé, se bornant à reconnaître les pièces de Tavers comme "trésor national", qui ne peut pas quitter le territoire national pendant un délai de 30 mois, afin de faciliter l'acquisition éventuelle par un musée français.

A son tour, Aymeric Rouillac a décidé de porter plainte pour "menaces répétées de trouble à l'ordre public" : des appels ont en effet été lancés, sur les réseaux sociaux, pour venir perturber, voire empêcher la vente aux enchères.

Il dénonce une véritable campagne de dénigrement : "Quand on est traité de voleur, de pilleur, de receleur, de bourgeois corrompu par le lucre, qu'on commence à critiquer votre "sale gueule", on est en-dehors de tout propos par rapport au sujet de cette vente, explique-t-il. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est la volonté affichée de commettre un délit pénal, à savoir entraver les enchères : en France, les enchères sont publiques."

C'est extrêmement grave"

La plainte vise plus particulièrement Dominique Garcia, le directeur de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), des archéologues de l'INRAP à Orléans et des enseignants-chercheurs des universités de Limoges et de Paris I, responsables selon le commissaire-priseur de ces appels à entraver les enchères : "C'est la guerre des petits contre les grands, affirme Aymeric Rouillac. Moi, je suis là pour défendre les petits, les faibles, les vendeurs qui me font confiance. Et là, ceux qui appellent à entraver les enchères, c'est le président de l'INRAP, à la tête de 160 millions d'euros de budget ; c'est un archéologue orléanais qui a invité les Gilets Jaunes à créer une émeute publique dans le château de Meung-sur-Loire ; ce sont des haut-fonctionnaires qui, au mépris de l'Etat de droit, appellent par la haine et la violence à entraver la liberté des enchères. C'est extrêmement grave, et nous avons signalé ces faits au procureur de la République."

Malgré ces menaces, le commissaire-priseur maintient la vente prévue samedi à partir de 16h. La gendarmerie du Loiret s'est déplacée sur place ce matin pour voir comment sécuriser les lieux.
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