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L'extraordinaire histoire du trésor gaulois découvert chez un agriculteur du Loiret et vendu aux enchères début mai

Lundi 15 avril 2019

La République du Centre, Florent Buisson

Philippe et Aymeric Rouillac, commissaires-priseurs, procéderont à la vente aux enchères du trésor gaulois (qu'ils tiennent, en partie, dans leurs mains).
Philippe et Aymeric Rouillac, commissaires-priseurs, procéderont à la vente aux enchères du trésor gaulois (qu'ils tiennent, en partie, dans leurs mains).

En février 2012, une série de bijoux, très anciens, est découverte dans le champ d'un agriculteur de Tavers. Sept ans plus tard, après avoir essayé de mettre la main dessus, l'État vient de classer l'ensemble, datant du VIe siècle avant Jésus-Christ, "trésor national", pour éviter qu'il quitte le pays. Il sera vendu le 4 mai, aux enchères...

Uderzo et Goscinny n'auraient pas imaginé meilleure histoire. Celle d'un agriculteur de Tavers, près de Beaugency, et de son formidable trésor gaulois.

En février 2012, il y a plus de sept ans, deux hommes découvrent, au beau milieu du champ d'un agriculteur, des fragments de parures anciennes. Quelques jours plus tard, c'est tout un ensemble d'objets en cuivre et en fer, colliers, bracelets, armes, enfouis dans 30 centimètres, qui est déterré.

L'homme ne le sait pas encore, mais l'on vient de mettre au jour, sur ses terres (*), l'un des derniers trésors archéologiques français, en tout cas l'un des derniers qui puissent être vendus. Car depuis 2016, toute découverte archéologique est "présumée appartenir à l'État"...

Les pièces, une parure (colliers, bracelets) et des armes, notamment, sont en alliage cuivre, et en fer et plomb.
Les pièces, une parure (colliers, bracelets) et des armes, notamment, sont en alliage cuivre, et en fer et plomb.


Mais la trouvaille est antérieure à cette loi et entraîne la réalisation de fouilles archéologiques, à l'été 2014. Un an plus tard, trois chercheurs et universitaires concluent, dans un rapport de plus de 200 pages, au caractère exceptionnel de l'ensemble. "Le dépôt comporte 65 éléments, essentiellement en alliage cuivreux, mais aussi en fer pour quatre d'entre eux ; cette association des deux métaux est exceptionnelle dans ce contexte."

Ces objets (une parure, quelques armes, etc.), sont datés, par les scientifiques, de la seconde moitié du VIe siècle avant Jésus-Christ, pendant le Premier âge du fer. En pleine Gaule, bien avant les Romains.

Ils ont probablement été enfouis là en même temps, comme un trésor, afin de les cacher et de pouvoir les récupérer facilement...

Le Qatar intéressé par ce trésor français

Leur découverte, des siècles plus tard, a rapidement attisé les convoitises, comme celle du musée du Qatar. L'État français, qui s'est promptement et lourdement positionné auprès du propriétaire, vient tout juste de classer l'assortiment "trésor national", par l'intermédiaire du ministère de la Culture (le 6 avril dernier), pour empêcher qu'il quitte définitivement le territoire national. Un classement exceptionnel qui ne concerne qu'une poignée d'objets, chaque année, en France.

65 pièces ont été mises au jour, datées du VIe siècle avant Jésus-Christ. (Photo S.De Grandis, université de Bourgogne)
65 pièces ont été mises au jour, datées du VIe siècle avant Jésus-Christ. (Photo S.De Grandis, université de Bourgogne)


Le propriétaire des lieux, soutenu dans ses démarches par les commissaires-priseurs Philippe et Aymeric Rouillac, basés dans le Loir-et-Cher, auteurs d'enchères millionnaires, pourra, lui, vendre son trésor gaulois. Les Rouillac père et fils procéderont à la vente aux enchères le 4 mai prochain, au château de Meung-sur-Loire, à partir de 16 heures. Le second trésor national qu'ils auront l'honneur de présenter aux enchères, après le Christ enfant, des Frères Le Nain, en 2018.

La mise à prix est fixée à 50.000 euros mais les enchères devraient aller bien au-delà. Le trésor pourrait aussi être préempté par l'État, qui devra alors s'aligner sur l'enchère la plus importante...

(*) Deux passionnés d'archéologie locale, qui ont fouillé le terrain avec l'accord du propriétaire.

Florent Buisson
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