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Histoire vendômoise : une mystérieuse toile en vente

Lundi 11 mars 2019

La Nouvelle République, Alexis Couturier

Ce tableau de Charles-Paul Renouard, illustre un convoi de prisonniers français rassemblés place de la Madeleine, en 1871.

La Maison Rouillac prépare une vente de tableaux. L’un d’eux renvoie à l’un de ces moments où l’histoire vendômoise a rejoint la “ grande ” histoire.

Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, a encore à narrer un épisode insolite dont il a le secret. Il s’est déroulé il y a quelques mois, en amont de la vente de tableaux anciens et modernes que propose la maison Rouillac dimanche 17 et lundi 18 mars. « Un jour, un propriétaire vient me voir pour me demander ce que je pense d’un des tableaux qu’il possède. Lorsque je regarde l’œuvre, je reconnais tout de suite un lieu : la place de la Madeleine, à Vendôme. »

La toile, peinte par Charles-Paul Renouard (*), illustre un épisode fort qui s’est déroulé à Vendôme pendant la guerre franco-allemande de 1870 (appelée aussi guerre franco-prussienne) alors que la Prusse vient de vaincre militairement la France. Un épisode connu des historiens locaux grâce aux carnets de Gervais Launay, un ancien professeur de dessin, maire de Vendôme de 1873 à 1874. « Le 12 janvier 1871, des soldats prisonniers français venant de La Châtre, marchant depuis deux jours, sont regroupés sur la place de la Madeleine par les Prussiens ». Agités car affamés et maltraités, ils sont contenus par des soldats prussiens, tandis que certains reçoivent des soins de la part de religieuses vendômoises.

Un tableau anciennement propriété du musée ?

Au fil de ses recherches, Maître Rouillac découvre que ce tableau aurait appartenu au musée de Vendôme. C’est ce que laisse penser une inscription sur une carte postale sépia parue entre les deux guerres, qui reprend le tableau de Renouard. « J’ai donc contacté Laurence Guilbault, conservatrice du musée de Vendôme pour voir si elle avait trace de ce tableau dans ses archives. » Mais pour le musée, bien qu’ayant dans ses réserves une autre œuvre de Renouard, également sur le thème de la guerre de 1870, le tableau reste inconnu au bataillon.

Hypothèse : le propriétaire venu consulter Maître Rouillac, pourrait donc être en possession d’une autre version, « ou une réplique réduite d’un grand tableau [aujourd’hui introuvable] qui aurait appartenu anciennement aux collections du musée de Vendôme ».

L’œuvre, en tout état de cause, a de la valeur. « J’en ai informé la Ville, note le commissaire-priseur. En 35 ans, je n’ai jamais vu un tableau sur l’histoire de la Ville aussi fort… ». Ville ou pas Ville, le tableau devrait trouver acquéreur ce dimanche. Au moins par des Vendômois, ou bien des passionnés de la guerre de 1870. Son estimation : 10.000 euros.
Avant les ventes de samedi et dimanche, Philippe Rouillac animera une conférence samedi à 15 h à l’hôtel des ventes, sur ce tableau de Charles Paul Renouard, illustrant ce convoi de prisonniers français, arrivant à Vendôme le 12 janvier 1871. Ouvert à tous.
(*) Né le 5 novembre 1845, à Cour-Cheverny, mort à Paris, le 2 janvier 1924. Il fut un temps professeur de dessin au collège de Vendôme. Il également été médaillé d’or à l’Exposition universelle de Paris de 1889.

Deux jours de vente de tableaux anciens et modernes

La Maison Rouillac prépare deux ventes à l’hôtel de vente de Vendôme :

- La première aura lieu dimanche 17 mars dès 14 h, et concernera des tableaux et dessins anciens. C’est à cette occasion que sera proposé le tableau de Charles-Paul Renouard dont il est question ci-dessus. À vendre également parmi des dizaines d’œuvres : un tableau d’un suiveur des frères Le Nain, représentant des paysans du XVIIe siècle estimé entre 5.000 et 8.000 €. À signaler également cette scène de chasse réalisée selon l’École française du XVIIIe. Un tableau en provenance de l’ancien salon de l’hôtel particulier des Normant, actuel hôtel de ville de Romorantin.

- La seconde vente aura lieu lundi 18 mars à 14 heures. Des tableaux et dessins modernes seront proposés, comme par exemple cette aquarelle sur papier, intitulée « Venise » et réalisée par Ernest Lessieux (La Rochelle, 1848-Menton 1925), estimée 300 €. Ou encore cette gouache colorée du local Charles Portel (1893-1954), intitulé « Vendôme, la place Saint-Martin un jour de marché », estimée à 200 €. Citons enfin une huile sur toile, recto verso, signée André Lhote (Bordeaux, 1885-Paris, 1962), et estimée entre 8.000 € et 10.000 euros.

- Expositions publiques à l’étude de Maître Rouillac à Vendôme, jeudi 14 mars de 14 h à 17 h, vendredi 15 mars de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h, samedi 16 mars de 14 h à 17 h, dimanche 17 mars de 9 h à 12 h et lundi 18 mars de 9 h à 12 heures.

- Renseignements sur le site « www.rouillac.com ».
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