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20.000 € pour un Pied d’éléphant

Vendredi 08 mars 2019

La Renaissance du Loir et Cher, Laurence Richer

Les météorites ont attiré les média
Les acheteurs ont pu admirer la collection avant la vente
De quelques grammes à quelques kilos les pierres ont été adjugée à coup de marteau
Gérard Merlier a raconté l'histoire de chacune de ses météorites
Philippe et Aymeric Rouillac avaient un peu la tête dans les étoiles lors de la vente qui s'est déroulée le 28 février à Vendôme. Vente au cours de laquelle ils ont dispersé la collection du chasseur de météorites Gérard Merlier.

C'est une vente rare et exceptionnelle qui s'est déroulée à l'étude Rouillac à Vendôme le jeudi 28 février. La dernière vente aux enchères de météorites organisée en France datait en effet de 2015.Une vingtaine de collectionneurs s'étaient pressés pour admirer la collection de Gérard Merlier, et on comptait dans la salle presque autant de journalistes des médias locaux, nationaux et spécialisés.

Une première partie de la collection, composée de 63 tranches de météorites, avait été mise en vente « en ligne »sur le site Internet de l'étude. Le reste, composé de météorites entières, pour la plupart classifiées et publiées, historiques et rares - chondrites, ferreuses, mixtes ou achondrites - ont été mises en vente sur place par les commissaires-priseurs Philippe et Aymeric Rouillac, père et fils.

170 personnes s'étaient inscrites et pouvaient enchérir en ligne, d'autres avaient fait connaître leur prix auprès des commissaires-priseurs tandis que quelques personnes enchérissaient par téléphone, par l'intermédiaire des collaborateurs de l'étude.

20.000 € pour le clou de la vente

Un à un les lots ont été mis en vente. Des météorites entières tout d'abord, pour la plupart découvertes au Maroc, dans le désert saharien, sur le plateau du Rekkam, dans l'Hamada du Draâ ; mais aussi en Libye ou en Namibie, pour les 31 premiers lots. Si la France est le pays où il tombe le plus grand nombre de météorites par habitant, c'est bien dans le sable du désert qu'il est le plus facile de les repérer.

Ces météorites sont dites entières car elles n'ont pas été altérées par la découpe de tranches servant à les analyser.Pour chacune d'elles, le catalogue précisait le poids, le lieu et la date de découverte, ainsi qu'une estimation de son âge. Il suffisait parfois de sortir quelques dizaines d'euros seulement pour repartir avec un morceau d'étoile, une météorite marocaine s'est ainsi vendue pour 80 € auxquels il fallait bien sûr ajouter des frais de vente de l'ordre de 20 %.

D'autres pièces ont vu leur prix s'envoler : 500,600, 800, 950 1.600, 5.000 et même 20.000 € pour le clou de la vente, la météorite entière Pied d'éléphant, découverte en 2002 au Maroc dans l'Hamada du Guir, qui a été vendue par téléphone à une Parisienne qui a souhaité rester anonyme.

La seconde partie du catalogue présentait des météorites classifiées par l'équipe Météorites du laboratoire de minéralogie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, certaines ayant aussi fait l'objet de publications. des fins d'analyse, chacune s'est vue prélever une ou plusieurs tranches, ce qui permet d'admirer le cœur des météorites et les particules de fer et de nickel et de donner des informations telles que le stade de choc et le stade de développement.

Pour différencier une météorite il y a trois groupes : les H, les L ou les L/L donnent des indications sur le taux de fer. Le stade de choc correspond au fait que les météorites s'entrechoquent entre elles, « ça a provoqué des fissures et des resserrements, on le voit quand on découpe pour les analyser, on le note de I à 5 ».

Le grade de vieillissement ou stade d'altération est indiqué par le W(de 1 à 5), « il évalue si elle a été brûlée en traversant l'atmosphère ou si elle est restée trop longtemps sur terre et s'est oxydée à l'intérieur ».On parle aussi de regmaglyptes, des traces qui ressemblent à des marques de doigts et qui racontent l'histoire de l'astéroïde lorsqu'il a traversé l'atmosphère, et de météorites orientées : « Ça fait partie des météorites les plus rares, elles représentent seulement I % des chutes. C'est une météorite qui est restée dans la même position quand elle a traversé l'atmosphère. Ça a créé des lignes defuite. »

Des météorites venues de la lune et de Mars

Parmi les pièces le plus rares, le numéro 127, « une météorite extrêmement rare, la fameuse météorite Gibéon » découverte en Namibie. « Une météorite qui a explosé à une trentaine de kilomètres d'altitude et qui a projeté des dizaines de spécimens. Là vous avez 3 kg de fer extraterrestre. C'est le cœur même d'un astéroïde et c'est le fer extraterrestre dans lequel a été ciselée la dalle de To-tankhamon. »

Celle-ci est partie vers la région parisienne avec l'acheteur n°12 qui lui non plus n'a pas voulu lever le voile sur son identité. Il a seulement confié être venu à Vendôme pour compléter sa propre collection, constituée depuis une vingtaine d'années. D'autres pièces ont fait mon¬ter les enchères : des météorites lunaires, martiennes, des météorites provenant de l'astéroïde Vesta qui gravite entre Mars et Jupiter, ou encore ces très jolies pallasites, des tranches de quelques grammes qui ont été remportées pour 1.000 et1.500 €.

Parmi les acheteurs une jeune femme prénommée Allison a enchéri sur plusieurs pierres :« Je suis femme de bijoutier parisien, je compte créer des bijoux à partir des météorites ;je vais les monter en pendentifs. Je trouve que c'est très joli et je pense que ça va intéresser du monde. »

En France, cent caméras surveillent le ciel en permanence.Celles-ci ont permis de signaler que le 27 février à 5h24, une météorite est tombée en Drôme-Ardèche

Laurence Richer

La chasse n’est pas tout à fait terminée

Durant 20 ans, Gérard Merlier a constitué une collection grâce à ses voyages mais aussi grâce à des échanges et à quelques achats. Aujourd'hui il a vendu sa collection pour assouvir d'autres rêves.

20 ans après avoir trouvé sa première météorite, Gérard Merlier la garde toujours en poche.« La larme de l'espace comme il l'a appelée, c'est la seule de la collection que j'ai gardée. »

 63 ans, Gérard Merlier est un jeune retraité du bâtiment. Mais le montant de sa retraite ne lui permet pas de réaliser ses rêves et de voyager comme il l'a fait depuis 20 ans pour chasser les météorites.

« La première, je l'ai trouvée en Libye, j'étais parti en retraite à la mort de ma femme. » Le début d'une belle aventure qui a duré 20 ans et qui est loin d'être terminée.« J'en ai fait le tour. Pendant huit ans j'ai fait des expositions et des conférences pour les scolaires et le public dans le sud de la France.

Aujourd'hui j'ai un autre projet que je veux encore garder secret » mais qui semble quand même en lien avec les météorites puisqu'il nous a confié qu'il allait bientôt « partir en chercher d'autres !
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