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Tic-Tac Impérial !

Samedi 09 février 2019 à 07h

Notre commissaire-priseur Maître Philippe Rouillac répond cette semaine à Brigitte, de Sambin, qui s’interroge sur l’origine d’une pendulette.



En ce premier jour des vacances, vous serez nombreux à stresser afin de ne pas manquer votre train, votre avion ou l’heure limite de départ pour éviter les bouchons de l’autoroute. Sur quel instrument de précision vous appuyez vous ? Votre montre de poignet ? Votre téléphone portable ? Ce dernier, grâce à l’internet, se cale sur un temps international basé sur la définition de la seconde calculée par des horloges… atomiques ! Plus d’excuse pour être en retard !

L’exactitude du calcul du temps est une quête menée par l’homme depuis des millénaires. Si le problème semble aujourd’hui résolu, certains en ont par le passé fait les frais. Une anecdote qui tient plus de la légende que du fait historique raconte que Napoléon Ier a manqué de justesse de perdre une bataille par la faute d’un général en retard. Tout est bien qui finit bien, mais hors de question pour l’Empereur qu’un tel impair se reproduise ! Il impose ainsi l’obligation à l’ensemble de ses officiers d’emporter partout avec eux une pendule de voyage fiable. En toute logique, les horlogers la dénominent « pendulette d’officier ». Et c’est le premier d’entre eux qui donne le ton : Abraham-Louis Bréguet.

Il existait auparavant des pendules de voyages, sans balancier, nommées montres de carrosse ou pendules d’écurie. Elles n’étaient en revanche pas adaptées aux secousses des marches forcées du Ier Empire. C’est ainsi que Bréguet et d’autres, comme l’Épée, vont créer des garde-temps robustes dotés d’une mécanique impeccable. Les pendulettes d’officier ont presque toutes le même aspect. De forme rectangulaire à fond plat, la cage possède une armature robuste en bronze doré agrémentée d’une poignée mobile au sommet. Chaque face est munie d’un épais verre permettant d’admirer le mécanisme. Pour les protéger, on les glisse dans un étui gaîné de maroquin. Ces pendulettes que l’on fabrique tout au long du XIXe siècle sont recherchées et leur cote soutenue. Les plus prisées de collectionneurs possèdent des mécanismes à complications : sonnerie à la demande, réveil matin, date du jour, phases de la lune… La pendulette de Brigitte est la digne héritière de ses prestigieux ancêtres.

De forme rectangulaire, sa cage est bicolore : métal argenté et bronze doré. Elle est richement ornée de rinceaux et de frises d’oves. Elle intègre un large cadran de forme circulaire émaillé blanc qui possède deux petits cadrans secondaires. L’un indique probablement les secondes, l’autre sert à programmer le réveil. Mais la complication qui fait toute la valeur de cette pendulette, c’est sa boîte à musique. Cette dernière rythme probablement chaque heure et vous réveille à l’aide d’une douce mélodie. Elle repose sur quatre pieds cambrés feuillagés. Ce dernier détail indique un usage plutôt domestique que de voyage. D’une hauteur d’environ 20 cm, elle se pose sur une cheminée, ou sur la table de chevet. Elle n’est donc pas à proprement parler une pendulette d’officier mais son évolution. Née dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’aspect fin XVIIIe, comme nombre de pendules dites « borne ». L’horloger allemand Junghans est célèbre pour ce type de production. Sa poignée est malheureusement manquante. Si l’émail du cadran est en bon état et le mécanisme fonctionnel, en particulier la musique nous pouvons l’estimer entre 120 € et 180 €, voire plus. Mais il faudrait la voir, et entendre son tic-tac, pour en avoir le cœur net !
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