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La paysanne devenue icône

Samedi 20 octobre 2012

Aujourd’hui, un tableau de maître du XIXème siècle nous plonge dans l’art réaliste. Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, décrypte et analyse les secrets d’une œuvre faussement simple !

Aujourd’hui, un tableau de maître du XIXème siècle nous plonge dans l’art réaliste. Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, décrypte et analyse les secrets d’une œuvre faussement simple !

Héros de l’Antiquité, batailles napoléoniennes et portraits de reines ! Vaste est le domaine du peintre qui sur la toile donne vie au fantastique et à l’idéal. Veillant sur ses enfants devant l’âtre noirci, la paysanne figurant au centre de notre tableau semble bien modeste. Loin des bergères vêtues de dentelles de Fragonard, elle apparaît ici dans toute sa vérité. Un sujet trop simple, sans profondeur ? Attention ! Ne nous contentons pas d’une interprétation superficielle. Cette paysanne est une icône ! Impassible, son bébé dans les bras…une Vierge à l’Enfant se cache dans cette œuvre ! Elle est l’incarnation d’une femme universelle. La robe bleue de la jeune paysanne fait écho au manteau bleu revêtu par la Vierge dans ses représentations classiques. Le parallèle semble évident. L’œuvre est une huile sur toile mesurant 27 x 22 cm. Le cadre est marqué « JF MILLET ». Jean-François MILLET (1814 - 1875) est né dans une famille de paysans en Normandie. Il reçoit une formation académique et débute sa carrière en tant que portraitiste. À Paris, il rencontre Gustave Courbet (1819 - 1877). Les deux artistes deviennent les fers de lance du réalisme qui veut que la peinture soit, selon Courbet, un « art vivant ». « L’Angélus », peint en 1857, est le tableau le plus célèbre de Millet. On ne compte plus le nombre de ses reproductions allant du calendrier des Postes à la boîte de fromage. Sans oublier les interprétations psychanalytiques de Salvador Dali en1938 ! La vie paysanne est le sujet de prédilection de Millet et s’il la représente sans l’idéaliser, c’est pour mieux lui rendre ses lettres de noblesse. Le dessin lourd et la lumière crue expriment la force et la résistance face à une vie rude. Les bleu, rouge, marron, teintes primaires et froides caractérisent ses œuvres. Le travail des champs et la simplicité de la vie des paysans au XIXème siècle en font, aux yeux du peintre, des êtres purs qu’il sacralise. Tout artiste qu’il était, il aimait à le dire :« paysan je suis né, paysan je resterais ».

Les sujets paysans sont les plus prisés parmi les œuvres de Jean-François Millet et sont présentés dans de nombreux musées à travers le monde. Pour cette Madone paysanne, comptez 50 000euros…et plus ! Certaine de ses œuvres atteignent le million. Notre tableau sera exceptionnellement présenté ce dimanche 21 octobre à 16h au Conseil Général de Blois dans le cadre des Rendez-Vous de l’Histoire. Venez y découvrir la grande et la petite histoire des paysans…trop souvent oubliées et méconnues !
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