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Que la lumière soit !

Samedi 08 décembre 2018 à 07h

Cette semaine, un lecteur de Vendôme faire parvenir à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, la photographie d’une lampe à pétrole qui se trouve dans sa famille « depuis plusieurs générations ».



En cette période de l’Avent, les rues de nos villes scintillent de mille feux ! Mais ces splendeurs ne seraient rien sans l’électricité ! Plongeons-nous dans une époque pas si lointaine où l’Homme combattait encore contre l’obscurité.
Le premier système d’éclairage est la lampe à huile : on trempe une mèche dans un réceptacle contenant de la graisse animale ou de l’huile végétale qui se consume peu à peu. Je vous laisse imaginer la fumée… et l’odeur ! Et des siècles plus tard, malgré moult inventions, cette lampe reste incommode : longue à allumer, elle fume, chauffe et s’emballe presqu’à tous les coups ! Et la bougie alors ?

L’usage de la bougie, constituée de cire d’abeille, comme celui de la chandelle, faite de suif, se répand au Moyen-Âge. La première, très onéreuse, est réservée à la haute société. La seconde empuantit les intérieurs modestes. Faite de graisse animale mélangée à de la farine et moulée autour d’une mèche, elle dégage une odeur infecte et une épaisse fumée… Au XVIIIe siècle, une belle bougie bien blanche coûte l’équivalent du salaire journalier d’un ouvrier qualifié. Pour la première grande fête du règne de Louis XV, les salons de Versailles s’illuminent de 24 000 bougies… Soit l’équivalent de 65 années de travail de notre ouvrier... Autant pour les chaumières que les palais, il est grand temps de trouver un nouveau système !
En France, la lampe à huile fait un bond technologique dans les années 1780 grâce à d’ingénieux systèmes : réservoir latéral, mèche cylindrique, cheminée de verre... Ils donneront naissance au quinquet, en usage jusqu’à l’arrivée de la lampe à pétrole sous Napoléon III.

Les différents systèmes nés 70 ans plus tôt n’ont guère changé, contrairement au combustible ! On distille du pétrole afin d’en obtenir une huile légère et fluide, enfin ! Adieu fumées, odeurs et autres désagréments en tout genre ! Il n’y a guère que Charles de Gaulle pour stigmatiser ceux qui regrettaient « la douceur des lampes à huile ». À sa décharge, il est vrai que les délicats ondoiements d’une flamme dorée sont assurément plus charmants que les agressifs scintillements des LED. Dieu sait ce qu’il en aurait pensé !
Évidemment, l’électricité met tout ce joli monde à la porte et les lampes à pétrole traînent désormais, désespérément vides, au-dessus des armoires…

Ce doit être le cas de celle de notre lecteur, née vers 1900. Le réservoir en verre émaillé de bouquets de fleurettes. Elle repose sur un pied en métal pauvre, vraisemblablement du régule anciennement argenté. En revanche il est décoré avec faste de motifs ajourés de style Louis XVI : panier de fleurs, rubans noués, guirlandes de lauriers, feuilles d’acanthe, cannelures et repose sur quatre pieds feuillagés à enroulement. Son verre, appelé « cheminée » est intacte, en « cristal recuit » pour donner plus d’éclat à la flamme. Importée de Saxe - étonnant ! - elle porte un tampon orné d’une couronne impériale Elle a beaucoup d’allure mais malheureusement peu de valeur. Seuls certains modèles exceptionnels sont aujourd’hui recherchés. Pour celle-ci, comptez une dizaine d’euros en brocante.

Mais elle possède encore sa mèche ! Versez-y un peu de pétrole à lampe que vous trouverez dans toute bonne droguerie et profitez du charme certain qu’elle vous offrira, tant d’année après sa dernière flambée. Et quelle meilleure occasion pour le faire qu’en ce jour de la fête des lumières ? Cette fête née à Lyon sous le Second Empire en l’honneur de la Vierge Marie fait des émules dans tout le pays, et notamment à Vendôme où la flamme de votre lampe à pétrole pourra accompagner les centaines de lanternes célestes qui s’envoleront depuis le château, ce soir. Courrez-y !
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