Un service à fleurs d'or
Samedi 13 octobre 2012
Cette semaine, Joëlle, de Villiers-sur-Loir, soumet à Aymeric Rouillac, Commissaire-priseur, un service à café familial. Sous certaines pièces elle voit des « petits signes ».
À partir de 1868, le Japon s’ouvre au monde et se modernise… Il s’occidentalise. Parallèlement, l’Occident s’enthousiasme pour cette culture qu’il découvre, faisant souffler un vent artistique d’air frais… Il se japonise ! On parle même de « Japonisme ». Les arts dits « décoratifs », c’est-à-dire pratiqués par les métiers d’art aux productions fonctionnelles, y puisent de nouveaux motifs, donnant naissance à un nouveau style : l’Art Nouveau. La demande de notre lectrice en est une parfaite illustration : un objet français fonctionnel inspiré par le Japon.
Ce service à café en porcelaine se compose de dix tasses et sous-tasses, d’un sucrier, d’un pot à lait et d’une verseuse.Il reçoit un riche décor à l’or fin… de fleurs d’or ! C’est en effet le surnom du chrysanthème, plante sacrée au Japon. La fleur d’or est l’apanage de l’Empereur : l’équivalent de la fleur de lys de nos Rois. On remarque un jeu de lumière entre l’or brillant et l’or mat. Ce contraste est obtenu grâce au doreur qui, au sortir du four, frotte les ornements à l’aide d’une pierre à brunir (comme l’agathe), pour les rendre brillants ! Les anses et les prises des couvercles sont ornées d’une feuille en éventail : celle du ginkgo biloba.Cet arbre vieux de 270 millions d’années est symbole de longévité et de renouveau. Cet arbre est d’ailleurs le seul « survivant » du cataclysme nucléaire d’Hiroshima. Il bourgeonne toujours à chaque printemps. Le splendide feuillage jaune dont il se pare en automne, lui vaut le surnom de l’arbre « aux mille écus ». Importé en France à la fin du XVIIIème,l’un des plus remarquables spécimens de ginkgo se trouve dans le parc public de l'hôtel d'Effiat à Montrichard !
Les « petits signes »relevés par notre lectrice ne sont pas en japonais, mais des numéros de référence de peintres et de doreurs. Ce service a probablement été réalisé par la manufacture Haviland à Limoges. Ce modèle a été créé vers 1880-1890 mais produit jusqu’au début de la première guerre mondiale en 1914. Il semble en bon état et son décor parait bien préservé. Vous pouvez en espérer une petite centaine d’euros. C’est un joli prix pour un service en « or blanc » (porcelaine), décoré à l’or fin de « fleurs d’or » (chrysanthèmes) et de feuilles de l’arbre au« mille écus » (ginko biloba) destiné à recevoir du café autrefois appelé… « l’or brun » !