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Aux origines du cadeau de Noël

Samedi 22 décembre 2018

Que valent vos trésors ?

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à une lectrice qui souhaite connaître l’estimation de poupées qu’elle a retrouvé dans son grenier.

La poupée ! Ce jouet fait le bonheur des petites filles depuis des milliers d’années. Sa fonction est restée la même au cours des siècles : initier les fillettes à leur futur rôle de mère. Les poupées de notre lectrice en sont un bon exemple. De type « bébé », en carton bouilli ou en celluloïd, elles datent, pour la plupart, du début du XXe siècle. Certaines ont une tête en porcelaine, et une était même parlante ! Malheureusement, elles sont pas en très bon état et ont perdu leurs habits. Sous réserve d’un examen physique, compter entre 20 et 50 € pièce. Il y a fort à parier que les poupées seront encore nombreuses cette année sous le sapin. Mais pourquoi s’offrir des cadeaux ? S’ils sont aujourd’hui l’affaire du père Noël, il n’en a pas toujours été ainsi...

En ces journées autour du 25 décembre, les peuples Celtes qui vivaient naguère en Gaule se réveillaient bien fatigués. LA grande fête de fin d’année correspondait au solstice d’hiver. On célèbre le moment à partir duquel le soleil renait et commence, pour les six prochains mois, à prendre le dessus sur la nuit. C’est donc durant cette nuit, la plus longue de l’année, que l’on se réjouissait, probablement autour d’un grand banquet à la manière d’Astérix et Obélix ! Cette fête était en outre émaillée de nombreuses traditions et rites magiques autour du feu et de la lumière.

Lorsque le christianisme se diffuse en Gaule romaine, vers le IIe siècle, il n’est plus question d’adorer les dieux païens et de sacrifier aux éléments ! Mais on ne tire pas un trait comme ça sur des traditions séculaires. C’est ainsi que l’Église prend une mesure astucieuse pour convaincre les « Gaulois réfractaires » : avancer la fête de la naissance de Jésus célébrée le 6 janvier au 25 décembre. Les fêtes exubérantes se poursuivent mais en l’honneur du Christ, « Lumière du Monde », Dieu fait homme. Ce n’est donc pas par hasard que Charlemagne décide de se faire sacrer Empereur le jour de Noël de l’an 800. Les siècles passant les convives s’assagissent. Cette fête qui prenait souvent l’aspect d’une beuverie devient plus recueillie. Les familles se réunissent autour de la Sainte-Famille dans la crèche. Les cadeaux que l’on s’offrait généralement pour la nouvelle année au XVIIIe siècle ne s’imposent à Noël que vers la fin du XIXe siècle. Ils rappellent les présents apportés à l’enfant Jésus par les Rois Mages. En Espagne ce sont d’ailleurs les Rois Mages qui gâtent toujours les petits enfants pour l’Épiphanie le 6 janvier alors qu'en Allemagne c'est l'enfant Jésus le 25 décembre.

Quid du père Noël alors ? Dans l’Est de la France et dans les pays germaniques, nos chères têtes blondes reçoivent leurs cadeaux un mois plus tôt : le 6 décembre, avec la visite de Saint Nicolas, vêtu de sa mitre et de sa crosse. Importé tel quel par les immigrés européens s’installant en Amérique, un illustrateur de presse américain, Thomas Nast, lui troque au milieu du XIXème siècle ses vêtements d’évêque contre un costume à parements de fourrure et large ceinture de cuir. Quant à sa mitre, elle se transforme en bonnet ! Nast lui donne en outre le Pôle Nord pour résidence. C’est ainsi que le père Noël est né ! Il se substitue progressivement à saint Nicolas grâce à Coca Cola. Car quoi de mieux qu’un personnage populaire pour vendre un produit commercial ? La puissante firme, qui déplore que sa boisson se vende mal en hiver, se saisit, en 1931, du Père Noël pour faire de la réclame, associant la couleur rouge de son costume à celle de son logo. Voilà comment la foi en l’enfant Jésus transmise aux enfants est remplacée par l’objectif de leur faire croire le plus tard possible dans un gros papi rougeau et débonnaire… le père Noël !

Toutefois, l’attachement à la famille demeure le socle de ce fameux « esprit de Noël ». Souhaitons qu’il reste plus fort que les nouveaux dieux de la consommation et du commerce, autrefois appelés « culte du veau d’or ». Nous souhaitons donc à tous et à chacun un beau moment partagé avec ceux que vous aimez, sans oublier ceux qui restent seuls, et je vous dis : « Joyeux Noël » !
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