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Un fusil qui ne manque pas d'air

Samedi 30 juin 2012

Cette semaine, M. Garnier sollicite l’œil expert d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, en lui faisant parvenir la photo d’un bien curieux fusil…

Cette semaine, M. Garnier sollicite l’œil expert d’Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, en lui faisant parvenir la photo d’un bien curieux fusil…

Dans tous les esprits le mot fusil résonne avec poudre, bruit et fumée. Ceci est tout à fait vrai pour les armes à feu mais il n’en est rien de cette arme. Une crosse en laiton, un chien aux dimensions inhabituelles, un canon reposant sur un fût de bois sculpté paraissant bien grêle. Quel est donc cet étrange fusil ? Au premier abord, on pense à une arme fabriquée de façon artisanale par un habile braconnier. Pas du tout ! Ce fusil est dit « à vent » et fonctionne… à l’air comprimé ! Ses qualités sont variées : absence de bruit, de fumée, de flamme et grande facilité de démontage et de dissimulation…

La première de ces armes nait de l’esprit d’un savant grec pendant l’Antiquité. 1.500 ans plus tard, un Français, Marin Bourgeois redécouvre le système. À tout seigneur, tout honneur, il offre une arquebuse à vent à Henri IV en 1608. La technique se perfectionne et se répand en Europe. Au début du XVIIIème siècle, les chasseurs allemands en sont fort friands pour la chasse au petit gibier. En revanche, nombre de pays interdisent son usage, car elle est devenue l’arme de prédilection des braconniers et criminels. L’efficacité, la rapidité et la discrétion des armes à air comprimé conduisent l’Empereur Joseph d’Autriche à équiper des corps d’armée d’élite de tels fusils dans les années 1780. Mais ces armes réclament des connaissances pointues dans leur usage et, malgré leur efficacité, il faut se résoudre à les retirer du service. Furieux, L’Empereur déclare : “Nous semblons avoir un ramassis de fusiliers misérables, dont aucun ne convient au service avec des fusils à air comprimé”. Ce système se développe tout au long du XIXème siècle et sera largement adopté par une activité que nous connaissons tous : le tir de foire.

Ce fusil à vent possède sa réserve à air en laiton. À l’origine, elle devait être gainée de cuir pour assurer une parfaite étanchéité. Le fût semble avoir été remplacé récemment. Cette arme doit probablement dater de la fin du XVIIIème ou du début du XIXème siècle. Sous réserve d’examen physique et si en bon état, elle peut se négocier autour de 200 euros.Bien qu’ancêtre des carabines de foire et autres pistolets à billes, cette arme mortelle est bien plus puissante. Alors prudence, il y a du danger dans l’air !
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