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Selfie Impérial !

Samedi 04 août 2018 à 07h

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur reçoit la photographie d’un « classeur photos » qui proviendrait d’Indochine. Elle lui est envoyée par Yvan, de Salbris, qui s’interroge : « bois ou plastique » ?



De forme rectangulaire, cet album photo est, la manière d’un livre, constitué de feuilles de papier reliées entre elles dans une couverture, pas en plastique Yvan, mais en laque. L’usage de la laque nait en Chine il y a plus de 3 000 ans. C’est une résine obtenue à partir de la sève d’un arbre dont on se sert pour recouvrir toute sorte d’objets, utilitaires ou décoratifs, le plus généralement en bois. Cette matière résiste non seulement aux intempéries mais a en plus l’avantage d’être solide et légère, et de présenter un merveilleux caractère esthétique. Pour faire simple, la laque c’est pratique et c’est beau ! Les Chinois vont bientôt se faire voler leur invention par toute l’Asie du Sud-Est, mais aussi par le Japon. Et c’est au pays du soleil levant que cet art atteint des sommets de virtuosité technique. Le meilleur exemple est peut-être le fabuleux coffre du cardinal Mazarin dont vous vous souvenez certainement.

L’album d’Yvan, qui mesure 18 cm de haut pour 26 de large est bien né en Indochine. Naturellement, les laques réalisés pour l’Empereur du Viêt Nam ne sont pas les mêmes que ceux vendus sur le marché de Saïgon. En l’occurrence, cet album n’ai jamais renfermé un selfie de Son Altesse Bao-Dai (1813-1897), le dernier Empereur du « Dragon de l’Asie ». Réalisé dans la première moitié du XXe siècle, il présente un décor polychrome représentant un village sur fond noir. Détail chic : un personnage traditionnel, probablement en ivoire sculpté, est incrusté dans la laque, laque elle même appliquée sur une planche de bois. Très légère et présentant une belle brillance, ce n’est pas étonnant qu’Yvan l’ait pris pour du plastique ! Mais non, elle bel et bien issu d’un savoir-faire millénaire qui continue à fasciner le monde entier.

Ce type d’objet est typique des souvenirs que l’on peut encore rapporter du Viêt Nam. Le fait qu’il ait peut-être cent ans d’âge ne change rien à l’affaire. C’est une production courante d’assez faible qualité. Pour preuve : la peinture est en mauvais état et présente de nombreux manques. Il sera difficile d’en tirer plus d’une vingtaine d’euros en brocante.

Il devait naguère contenir de belles photographies argentiques témoignant d’un séjour à l’autre bout du monde. Durant les vacances, vous serez nombreux à mitrailler tout ce qui bouge à grand renfort de portables, tablettes et autres appareils photos numériques. Viendra ensuite le temps de les imprimer, puis de les classer patiemment dans un bel album tel celui-ci. Si parmi elles se trouvent des clichés de vos trésors chinés durant l’été, nous serons enchantés de les recevoir ! En attendant la rentrée de septembre, nous vous souhaitons de belles vacances, et de belles trouvailles !
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