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Vive la Suisse et Vive le Coucou !

Samedi 28 juillet 2018 à 07h

Cette semaine, Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à Francine qui souhaite connaître l’estimation d’un coucou déjà accroché au mur chez son grand-père né en 1891.



À ceux qui cet été préfèrent les rives des lacs au littoral breton, s’il est un souvenir de voyage incontournable pour rapporter chez soit un bout de Suisse, c’est bien l’horloge à coucou ! C’est une création mythique de ce grand pays horloger, à l’origine née du savoir-faire incomparable d’artisans qui occupaient leurs longues soirées d’hiver à confectionner des garde-temps qu’ils revendaient la belle saison venue.

Je vois déjà des boucliers se lever chez ceux qui connaissent bien ce massif montagneux du sud-ouest de l’Allemagne que l’on nomme la Forêt-Noire : la « Kuckucksuhr » est allemande ! Il faut bien le reconnaître, l’horloge à coucou a été inventée en Allemagne en 1740 par l’horloger Franz Anton Ketterer. Il tente de substituer le traditionnel timbre des pendules par le chant du coq. N’y parvenant pas, il se rabat sur le coucou ! Son chant est produit à l’aide de deux tuyaux d’orgue miniatures munis d’un soufflet. Quand il s’agit de sonner l’heure, les soufflets se rabattent, envoyant de l’air dans les tuyaux et : coucou, coucou !

Et la Suisse dans tout ça ? Observez la forme de l’horloge de Francine : une dôle de maisonnette toute en hauteur munie d’un important cadran de forme ronde. Elle est agrémentée d’un riche décor en bois sculpté et ajouré de colombes amoureuses, feuillages, fleurs, rubans et entrelacs. Elle fonctionne à l’aide de poids en forme de pommes de pin. Le coucou se cache derrière une petite porte en partie haute. On est tout de même loin du chalet d’alpage des cartes postales.
Et pour cause, ce n’est est pas un ! Cette forme est issue d’un concours lancé en 1850 en Forêt-Noire pour dépoussiérer l’image de l’horloge à coucou. Il est gagné par l’architecte des chemins de fer de la région qui à l’idée de donner à la maisonnette la forme… d’une guérite de garde-barrière ! On est au top de la modernité ! Sauf que 70 ans plus tard, les touristes n’ont pas forcément envie de rapporter un souvenir du rail allemand chez eux…
C’est là, vers 1920, qu’un artisan helvète du canton de Berne à l’idée d’intégrer mécanisme d’horlogerie et coucou dans ses chalets musicaux traditionnels. De quoi damer le pion aux voisins germains ! Il est bientôt imité dans toute la Suisse et le succès est énorme. Une réussite qui s’explique par l’incomparable qualité de la technologie horlogère et par la minutie du travail du bois. Et les Français ne s’y trompent pas, « l’horloge à coucou » sera désormais appelée « coucou suisse » ! Et il participe aujourd’hui encore au rayonnement de la Confédération dans le monde entier, notamment grâce à des formes et décors « design » qui séduisent les jeunes générations.

Le coucou de Francine est né en Forêt-Noire à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Il est en bel état mais ne possède pas de particularité horlogère. Malheureusement ces horloges ne sont pas recherchées par les collectionneurs et nous ne pouvons guère l’estimer plus de 50 à 80 €.
Nos amis Helvètes célèbrent leur fête nationale mercredi. L’occasion de nous joindre à eux pour crier vive la Suisse, et vive le coucou !
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