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En Selle !

Samedi 14 juillet 2018 à 07h

Cette semaine Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, répond à Roselyne qui souhaite connaître l’estimation d’une « bicyclette achetée en Angleterre dans les années 30 ».



Le succès des Bleus à la Coupe du Monde a quelque peu occulté les premières étapes de la Grande Boucle. Si, contrairement aux grands matchs de football, le Tour de France ne donne pas naissance à des manifestations populaires d’envergure, cet incontournable rendez-vous annuel suscite toujours autant d’engouement. Il faut dire qu’il est intimement lié à l’histoire du sport français depuis sa création, en 1903. Il existe une véritable histoire d’amour entre les Français et le vélo qui est pourtant né… En Allemagne !

En 1817, le baron Drais invente le vélocipède, qui ressemble grosso modo à une bicyclette actuelle amputée de ses pédales. Dès lors son nom s’explique : du latin velox, rapide et pes, pied, soit « pieds rapides ». En France, nous préférons rendre hommage à son créateur en baptisant cette invention « draisienne ». Ce nouveau moyen de locomotion a, a priori, tout pour plaire… sur terrain plat ou en descente ! Pas question de grimper le Ventoux en poussant avec les pieds ! Résultat : la création du baron germanique fait un flop ! Mais c’est sans compter sur le génie français ! En 1861, un serrurier parisien ajoute une paire de pédales à ce véhicule incommode : la « petite reine » est née. Elle prend la forme que nous lui connaissons dans les années 1880 mais ne cessera d’évoluer techniquement : chaîne, roue libre, pneu, levier de vitesse, suspensions… Et parfois non sans imagination. Ainsi, le premier cadre métallique creux est fabriqué en 1875 avec… des fourreaux de sabres ! Les vélos des coureurs du tour de France sont aujourd’hui en carbone. Toujours plus de vitesse pour de moins en moins d’efforts.

La bicyclette de dame de Roselyne est le fruit de ces innovations techniques. On peine d’ailleurs à lui donner 80 ans, les vélos de ville actuels lui ressemblant comme deux gouttes d’eau. Elle est très simple, sans aucune fantaisie dans le design. Sa peinture est en mauvais état et sa selle n’est pas d’origine. Elle se négociera 30 ou 50 € dans un vide-grenier. Dommage, chère lectrice, que vous ne possédiez pas un grand bi ! Vous savez, ces vélos des années 1870 avec une roue avant démesurée et une minuscule roue arrière. Certains amateurs sont prêts à débourser plus de 1 000 € pour ces véhicules rares et étonnants. On est encore loin des prix des splendides machines des coureurs professionnels. Sur le Tour de France 2018, chaque vélo coûte entre 8 500 et 15 000 €. Ça fait cher le peloton !
Demain nous serons tous derrière l’équipe de France de football avant de monter en selle, qui en draisienne, qui en grand bi ou à bicyclette pour célébrer la 105e édition de la Grande Boucle !
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