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Généreux domaine de Chambord

Samedi 23 juin 2012

Philippe Rouillac, commissaire-priseur, répond à Philippe qui souhaite connaitre la valeur d’une affiche ancienne.

Philippe Rouillac, commissaire-priseur, répond à Philippe qui souhaite connaitre la valeur d’une affiche ancienne.

Un lieu, un thème, une date et une heure ! Comme le dit si justement Paul Colin, grand affichiste Art Déco, « L’affiche doit être un télégramme adressé à l’esprit ». Simple, lisible et percutant, tels sont ses objectifs…affichés ! Pendant la grande Guerre, l’affiche est un moyen d’expression efficace. Elle a alors pour mission de stimuler l’effort de guerre. Déjà populaire, elle se fait mondaine et de grands artistes s’emparent de ce support. En 1891, Toulouse-Lautrec signe une réclame pour le spectacle de la Goulue et hisse ce mode de communication au rang d’œuvre d’art. De la même façon, d’autres artistes comme Alphonse Mucha feront gagner à l’affiche éphémère, l’éternité de la vie muséale.

Le document que nous présente Philippe est une offre d’achat officielle proposant du bois. Mais attention ! Pas n’importe quel bois ! L’annonce est en effet émise par le Domaine de Chambord dont la magnificence de la forêt n’est que trop connue.Le bois est proposé sur pied, en date du 13 octobre 1914, année tristement historique. En ce jour précis, Lille est sous les bombardements et tombe aux mains de l’armée allemande. Le royal domaine voit peut être une occasion, en ces jours de tourmente, d’ouvrir ses portes afin de fournir à une population fragilisée un substantiel bois de chauffe ! Chaque lot est détaillé et délimité, il s’agit de ne pas empiéter sur le lopin du voisin car d’un arbre à un autre...seul l’œil du bûcheron chevronné sait faire la différence. L’évènement n’est pas un fait unique. Des coupes de bois sont ordonnées à Chambord et ailleurs depuis bien des siècles. En 1727, par exemple, Louis XV rédige des lettres patentes qui « ordonnent une coupe de bois dans la forêt de Chambord ». Par ces lettres, ouvertes aux parlements, le Roi rend publique un droit, un statut ou un privilège. Il correspond, de nos jours, au décret.

Malgré son charme doublement historique, l’affiche de notre lecteur ne se distingue ni par sa rareté ou son auteur, ni par son graphisme. Ses qualités sont pourtant essentielles, tant aux yeux de l’amateur, que de l’historien, pour qui l’affiche est une source documentaire. Sous réserve d’une expertise plus détaillée, une estimation de dix euros peut être avancée pour ce document dont la réelle valeur réside dans le souvenir. Souvenir à conter autour d’un chaleureux feu de cheminée ou à raviver en vous rendant ce weekend à l’incontournable Game Fair de Chambord !
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