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Un briquet qui se montre !

Samedi 30 juin 2018 à 07h

Cette semaine, Robert sollicite Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, au sujet d’un curieux briquet en or de marque Dunhill.



Un briquet en or, voilà qui n’est pas si courant ! Cela l’est d’autant moins quand le briquet recèle une montre de poche octogonale, comble de l’élégance ! La marque de ce bel objet n’est autre que le manufacturier de luxe anglais Alfred Dunhill, aussi connu pour ses pipes, autrefois très appréciées de Staline. Dunhill démarre son activité au tournant du XXe siècle en commercialisant de la maroquinerie et des accessoires destinés aux motocyclistes avec le slogan « tout pour la route, sauf le moteur ». Par la suite, il crée Dunhill Tobbaco, manufacture de pipes et de produits pour fumeurs. L’entreprise connaît un tel succès qu’elle s’internationalise et devient l’une des premières firmes de luxe au monde, toujours en activité aujourd’hui.

Dans la première moitié du XXe siècle, la cigarette n’est pas encore considérée comme nocive pour la santé mais est au contraire un accessoire de mode. La consommation de tabac implique cependant la nécessité d’avoir toujours du feu sur soi : c’est ainsi que les allumettes apparaissent au XIXe siècle et que le briquet à silex est inventé par la suite. Ce dernier comporte alors de nombreux risques d’accidents. Il faut attendre les années 1900 pour que soient commercialisés les premiers briquets portables sécurisés, n’explosant plus dans les poches de leurs propriétaires ! Alfred Dunhill se fait le chantre de l’innovation. Un de ses amis ayant perdu un bras au combat lors de la Première Guerre mondiale, lui fait part de ses difficultés à allumer des cigarettes. Qu’à cela ne tienne, Dunhill s’associe avec Wise et Greenwood, fabricants d’outils de précisions et brevette en 1924 l’Unique Lighter, le premier briquet au monde qui puisse être actionné d’une seule main.

Synonyme d’élégance

Accessoire indispensable du gentleman des Années Folles, le briquet prend des allures de bijou, témoignant d’un véritable art de vivre, avec des briquets de table dotés de montres ou de réveils. Pour ces dames, certains briquets dissimulent un nécessaire à maquillage avec rouges à lèvres et poudriers. Le style Art déco décline cet objet dans les matériaux les plus précieux : laque, galuchat, coquille d’œuf, argent ou bien or comme pour celui qui nous préoccupe cette semaine. Le briquet de Robert est un bel exemplaire en or 18 carats au boîtier carré et comportant une montre au cadran crème signé Dunhill. Celui-ci a été réalisé pour Dunhill Paris dans les années 1930 et indique une fabrication suisse. Les amateurs d’accessoires de fumeurs ont pu admirer à la vente du 10 juin dernier au château d’Artigny de splendides étuis à cigarettes signés de l’orfèvre Fabergé et destinés à la famille impériale russe, preuve que la cigarette était alors synonyme de grande classe. Notre briquet Dunhill, quant à lui, pourrait être estimé entre 1000 et 1500 euros en ventes aux enchères. Dans le film « Demain ne meurt jamais » (1999), l’agent secret 007 arbore un briquet de cette marque non pas doté d’une montre de poche mais d’une grenade miniature! Voilà donc un prix raisonnable pour se doter d’une allure de dandy à la James Bond.
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