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Drapeau blanc à Chambord

Samedi 09 juin 2012

Cette semaine, l’œil expert de maître Philippe Rouillac s’est posé sur un étendard brodé. Un véritable petit trésor.

Cette semaine, l’œil expert de maître Philippe Rouillac s’est posé sur un étendard brodé. Un véritable petit trésor.

Cet étendard nous fait toucher la grande Histoire. Et rappelle que la République, à ses débuts, était fragile. Le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan. L'Empire est aboli et la République n'est pas pour autant fermement établie. Les élections de 1871 conduisent à une victoire des monarchistes à l'Assemblée, réclamant le retour d'un roi sur le trône de France.
Les regards se tournent vers Henri d'Artois, comte de Chambord, petit-fils de Charles X et descendant d'Henri IV. Il rentre en France suite le 8 juin 1871, à l'abolition, des lois contraignant les Bourbons à l'exil. Pour monter sur le trône, il lui faut cependant reconnaître le drapeau tricolore. Ce qu'il refuse toujours, s'attachant au drapeau blanc qui flottait sur le royaume avant la Révolution de 1789.
Ainsi, le 5 juillet 1871, dans un manifeste lancé du château de Chambord, il déclare: « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc […] Je l'ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi mon aïeul, mourant en exil […] Il a flotté sur mon berceau, je veux qu'il ombrage ma tombe. » En 1873, le mandat de Mac Mahon est prolongé pour sept années. Tout espoir d'une restauration monarchique est brisé. Cet étendard est en soie blanche brodée. Le recto reçoit les armes de France timbrées de la couronne royale. Il arbore la devise "Mon dieu mon pays mon roi" en lettres d'or et la date du manifeste, le 5 juillet 1871. Le verso présente une croix de drap bleu renfermant le Sacré-Cœur transpercé d'une flèche. Réalisée par des responsables légitimistes pour le Val de Loire, elle a été pieusement conservée dans cette même haute famille depuis l'origine. Aux quatre coins figure une fleur de lys d'or.
Cette bannière de belle taille, elle mesure 95 cm de hauteur par 72 cm de largeur, date donc de la fin du XIXe. Elle peut être estimée à 1.000 euros… Elle sera présentée ce week-end à Cheverny (lire page 3).

Le château de Chambord prépare une prochaine exposition sur Henri V… Quelle valeur historique! Elle constitue un témoignage rare de cette période où le cœur de la France balançait entre « Henri V » et Marianne. Et nous rappelle que nous aussi, à l'image de nos voisins anglais, nous aurions pu faire retentir canons et trompettes lors des jubilés de nos rois… ou lors des élections de nos députés!
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