L'art déco... un style dans le vent !
Samedi 02 juin 2012
Aujourd’hui, Maître Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, nous fait découvrir l’un des nombreux trésors de la vente de Cheverny.
Légère et chancelante, comme une flamme dans le vent, cette petite sculpture réunie en elle toute la joyeuse insouciance d’une époque. Dans les années 1920, les français ont retrouvé la paix et l’abondance. Joséphine Baker révolutionne le music-hall et le tout Paris trinque à la Coupole ou à la Closerie des Lilas, ce sont les « années folles » ! Aux formes souples et tortueuses de l’Art Nouveau succèdent le goût pour l’angle droit. L’Art Déco est né. La sobriété de ses lignes contraste avec le luxe des matériaux et la complexité des techniques. Des objets précieux tels que les meubles recouverts de galuchat font leur apparition. Ce style raffiné et féminin s’adresse à une élite moderne, en soif de nouveauté mais conservant l’exigence de la pièce personnalisée, unique !
Cette statuette représentant une écolière rieuse déséquilibrée par une bourrasque est typique de l’art de cette période. Elle est vêtue et coiffée à la mode garçonne des années 1920 : guêtres à boutons, manteau évasé et chapeau cloche. Un savant mélange de matériaux précieux la compose. Le bronze, dont la patine met en relief la tenue, l’ivoire, faisant rayonner le visage et l’onyx, se marient pour donner vie à la fillette. L’alchimiste auteur de cette œuvre est le sculpteur Déméter Chiparus. Né en 1886 en Roumanie, l’artiste passe toute sa vie à Paris où il produit un grand nombre de sculptures dites chryséléphantines. Cette technique vient de l’antiquité et consiste à mélanger l’or, « chrysos » et l’ivoire, « elephantinos ». La plus célèbre statue du genre est la troisième Merveille du Monde, le Zeus de Phidias à Athènes. Chiparus est connu pour ses élégantes et aériennes danseuses inspirées des ballets russes.
L’une d’entre elles sera mise aux enchères aux côtés de notre fillette à Cheverny le 10 Juin prochain. Notre joyeuse écolière porte la signature de l’artiste et le cachet du fondeur qui a réalisé le bronze. Ces marques sont très précieuses car elles permettent d’authentifier l’œuvre. Celles de Chiparus sont très prisées…l’œil de l’expert est donc indispensable ! Une estimation de 1 000 euros a été avancée pour cette adorable figure des « années folles » et les enchères peuvent, elles aussi, s’envoler ! Mais gare à la concurrence ! Une autre petite fille, portraiturée par le Grand Renoir, pourrait bien lui voler la vedette.