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Des fleurs pour les mamans !

Samedi 26 mai 2018 à 07h

Cette semaine, Catherine interroge Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, au sujet d’une assiette en émaux de Longwy avec un joli motif fleuri.



Alors que nous nous apprêtons à célébrer la Fête des Mères ce dimanche, nous serons nombreux à choisir un bouquet de fleurs pour leur témoigner notre affection. Et pourquoi pas une assiette en céramique décorée de fleurs ? L’objet envoyé par Catherine représente justement un semis de fleurs sur fond bleu. Ces motifs sont réalisés en léger relief sur la glaçure, selon la technique des émaux cernés, typique de Longwy. Au revers de l’assiette, nous trouvons une marque qui confirme cette intuition : elle figure un cachet au blason couronné aux dix croix de Lorraine ainsi que les mots «Émaux de Longwy, décoré à la main – France ». Cette marque est employée par la manufacture lorraine durant le premier tiers du XXe siècle. On trouve également les marques « C », « DE » et « F3373 » correspondants au décor employé sur l’assiette et à l’ouvrier qui y a participé.

L’histoire de la faïence de Longwy remonte à 1798 avec l’installation d’une manufacture dans un couvent de Carmes. Sous l’Empire, elle fournit le service pour la Maison de la Légion d’honneur suite à une commande de Napoléon Ier. Le siège de Longwy par les Prussiens en 1815 met en arrêt la production. En 1835, le baron Henri Joseph d’Huart rachète la faïencerie. Les innovations techniques, notamment la cuisson à la houille, permettent d’améliorer la production et font rentrer la manufacture dans l’ère industrielle.

C’est notamment suite à l’Expédition de Chine en 1860, menée par les troupes françaises et anglaises que nombre d’objets en émaux cloisonnés chinois sont apportés en Europe. Ce décor connaît un important engouement et est copié par les faïenceries de Gien, Sarreguemines ou encore Longwy. Alors que l’impératrice Eugénie rassemble des trésors impériaux dans son Musée chinois au Palais de Fontainebleau, la vogue naissante du japonisme amène un goût pour les motifs orientaux dans la céramique européenne. Dès les années 1860, Eugène Collinot met au point la technique des émaux cernés consistant à tracer sur le biscuit au pinceau les contours au noir de fucus avant de déposer dans ces réserves les gouttes d’émaux pour créer un décor en relief cloisonné. La cuisson amène parfois des craquelures, imitant la porcelaine chinoise. Celles-ci sont recherchées à Longwy pour leur aspect décoratif. On y adjoint des oxydes de fer et de l’encre de Chine dans leur creux afin de les rendre plus visibles. Amédée de Caranza industrialise cette technique qu’il brevète dès 1872. De telles réussites amènent la faïencerie de Longwy à recevoir une médaille à l’Exposition universelle de 1878. Aujourd’hui encore, la faïencerie de Longwy continue de créer des décors singuliers avec des techniques innovantes.
Le plat en faïence émaillée de Catherine est l’héritier de cette histoire et témoigne à ce titre des échanges entre Orient et Occident au XIXe siècle. Cependant, son motif, sa forme et son cachet la datant de 1901 à 1930 ne sont pas rares sur le marché et amènent à estimer sa valeur à environ 30 à 50 euros. De quoi tout de même offrir un bon repas au restaurant à nos chères mamans !
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