Le patrimoine régional...dans nos greniers
Samedi 14 avril 2012
Ella de Vendôme nous confie aujourd’hui une armoire. « Elle est dans la famille depuis trois générations…au moins ! » nous déclare sa propriétaire. Maître Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous en livre les secrets.
Qui peut, de nos jours, s’enorgueillir d’être meublé « à la vendômoise » ? Meilleur marché, disponible en libre service, c’est le mobilier «à la suédoise » qui a désormais la côte, reléguant le mobilier rustique familial au grenier. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, chaque foyer possédait le mobilier caractéristique de sa région. Des meubles bâtis en fonction du climat, des besoins et des traditions liés à chaque lieu. Nous connaissons tous les lits clos de Bretagne, les pétrins de Provence et la majestueuse armoire Normande, star du mobilier rustique. Si ces modèles originaux sont aisément identifiables, d’autres sont moins spécifiques. En effet, les techniques et les décors s’échangent, les meubles de nos régions ont donc tous un petit air de famille. Voilà pourquoi il est parfois difficile de distinguer un meuble picard d’un meuble aquitain !
L’imposante armoire de notre lectrice s’inscrit dans la tradition des productions régionales du centre de la France. Elle est en bois massif, visiblement un bois fruitier comme le merisier aux vues de sa couleur chaude. Ses pieds bien cambrés et ses moulures ondulantes s’inspirent du style Louis XV dont le raffinement et l’élégance séduisent encore les esthètes d’aujourd’hui. Le décor sculpté est simple et naïf. Des petites volutes viennent égayer les encadrements moulurés des vantaux, d’élégantes cannelures et un frais décor floral aux tournesols apporte une finition charmante à l’ensemble. Les grandes entrées de serrures métalliques en arabesque offrent un contraste très décoratif avec le bois. Les cannelures et les tournesols, plantes prolifiques, rapprochent cette armoire des productions beauceronnes qui, pour leurs plus beaux modèles, reçoivent aussi un décor d’épis de blé…tout un symbole ! Elle est visiblement en bon état et date de la fin du XIXème siècle. Sous réserve d’un examen approfondis, nous pouvons donner une estimation de 200 euros pour cette armoire dont les heures de gloire sont malheureusement passées. Ses qualités sont cependant intemporelles, sa patine chaleureuse saura vous rappeler ses racines historiques et géographiques. Pour le même prix, une armoire en kit au nom imprononçable aura peut-être moins de secrets à vous révéler…