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Porteurs de flamme lyrique

Samedi 24 mars 2012
Aujourd’hui, Dominique de Blois soumet à l’œil expert de Maître Aymeric Rouillac une paire de flambeaux à la mystérieuse marquée couronnée.

Les trois coups du Brigadier retentissent, les lumières se tamisent et les derniers chuchotements de la salle laissent bientôt place aux voix éthérées des comédiens. Magie du théâtre ancien où, sous des perruques poudreuses et des costumes chamarrés, les artistes jouent la dernière pièce à la mode. Voltaire voyait dans le théâtre un moyen de rassembler les hommes pour les rendre « sociables », il est l’espace publique où l’opinion peut enfin s’exprimer. Au XIXème siècle, Louis-Philippe mena sa politique en ce sens. Sous son règne dit «bourgeois », il encourage auteurs et comédiens et fait construire des théâtres. Avant d’investir les Tuileries, le roi réside au Palais Royal. Depuis 1692, date à laquelle Louis XIV le donne en apanage à son frère Philippe d’Orléans, il est le foyer de la dynastie. La Comédie Française s’y installe en 1799…ce qui dû grandement influencer le goût du futur roi pour le théâtre. À l’époque, pas de spots, on éclaire le spectacle grâce à une rangée de flambeaux sur le devant de la scène. Les flambeaux de notre lecteur adoptent une forme épurée, la base conique qui est lestée permet de stabiliser l’objet. Ce détail est d’importance car nombreux sont les théâtres, comme la fameuse Fenice de Venise, qui périssent dans les flammes. Un mécanisme à ressort permet à la bougie de remonter au fur et à mesure de sa consumation.

Ces flambeaux sont en tôle peinte bleue, technique inventée en Italie au XVIIIème siècle. Peinte à l’or sur la base, une mystérieuse abréviation « Ttres Rx » surmontée d’une couronne. La forme des couronnes nous indique le rang de celui dont elle ceint la tête, celle-ci est fermée, c’est une couronne royale. Elle fait écho à une grande couronne de laurier. Les Théâtres Royaux ! Provenance de rêve pour ces objets d’apparence modeste. La tôle peinte permet aisément les repeints, il est possible que ces flambeaux aient été anoblis à tort. Scrutons-les attentivement. Sous leurs bases, une plaque numérotée et gravée « MR » nous indique qu’ils proviennent du Mobilier Royal. Cette administration rassemble, gère et attribue les meubles et objets destinés aux demeures de la couronne. Pour ces témoins muets des plaisirs de la dernière monarchie française, une estimation de 2000 euros peut être avancée…et pourrait bien s’envoler au théâtre des enchères !
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