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La Chine conquérante d'hier...et d'aujourd'hui

Samedi 17 mars 2012

Cette semaine, Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, examine une paire de vases marqués d’un mystérieux caractère chinois que Patrice, un fidèle lecteur, tient de son grand-père.

Cette semaine, Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, examine une paire de vases marqués d’un mystérieux caractère chinois que Patrice, un fidèle lecteur, tient de son grand-père.

Élégants, exotiques, arborant des couleurs chatoyantes, ces vases nous conte la splendeur mythique de la Chine. La forme simple, au col évasé, est compensée par la richesse et la densité du décor. Le thème ornemental, certainement choisi par le commanditaire, est guerrier. Pas de charge ni de raids sanguinaires pour ces jolis vases mais une scène de liesse autour d’un chef coiffé d’un imposant casque ailé. La présence de petites tentes de campagne indiquent certainement un retour au camp après une victoire. Nous retrouvons dans la peinture la manière chinoise avec ses visages lunaires et ses chevaux à la croupe charnue et aux yeux exorbités. Sur le col, l’épaule et le pied, un décor entièrement brun d’animaux fantastiques contraste fortement avec la blancheur de l’émail. Notre céramiste imite les riches montures de bronze des œuvres plus luxueuses. Le réseau de craquelures qui recouvre ces vases ne vous aura pas échappé ! Pas d’inquiétude, ce chef-d’œuvre n’est pas en péril, l’artiste a tout simplement opté pour le grès émaillé craquelé pour réaliser ces pièces. Cette technique, apparue au XVIème siècle, consiste à porter les céramiques à une température de 1.000°C puis à ouvrir le four de sorte que le choc thermique dessine sur l’émail cet effet craquelé très décoratif. Deux socles de bois moulurés valorisent ces œuvres telles de véritables sculptures.

Cette paire de vases est typique de la production de Nanjing dite encore de Nankin, littéralement « capitale du sud » pour la Chine impériale. Produits en grand nombre au XXème siècle, la qualité de ceux-ci les rattache plutôt à la fin du XIXème. Nous ne pouvons certifier l’origine de la marque au revers, les sauts et signatures sont malheureusement souvent déplacés ou apposés postérieurement : elle nous apparait quoiqu’il en soit comme apocryphe ! Il serait utile de voir le revers de ces vases que les acquéreurs occidentaux perçaient souvent afin de les monter en lampe, leur valeur en serait amoindrie. L’état général de notre trésor de la semaine semble bon, de bonne taille environ 45 cm - sous réserve d’examen physique approfondi, nous pouvons estimer cette paire de vases chinois autour de 500 €. Mais qu’en faire des lampes ? non, des vases ? mais avec quelles fleurs exotiques ? des objets de décoration ? oui ! Des sources ‘inspiration ? pourquoi pas : nos candidats à la présidence partiront-ils en campagne avec la hardiesse de ces guerriers figés dans l’émail ? Mais surtout, qui reviendra vainqueur de cette course au pouvoir…menée avec d’autres armes !
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