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JOYEUSES PÂQUES !

Samedi 31 mars 2018 à 07h

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à Patrice, de Vendôme, qui l’interroge sur un moule à hosties et demande : « Mais que signifient les gravures ? ».



Le jeudi qui précède Pâques, qu’on appelle aussi Jeudi saint, Jésus dîne avec les Apôtres, ses amis, et se comporte d’une manière très étrange. Comme le relate l’évangile de saint Mathieu « Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Il invite ensuite ses disciples à refaire ce geste en sa mémoire. Aujourd’hui les Chrétiens célèbrent encore cette « Eucharistie », commémorant le don de sa vie et de son corps par Jésus Christ. Si ce n’est que la miche de pain prend la forme d’un petit disque très fin fait de farine sans levain qu’on appelle hostie. L’objet de Patrice est donc un moule qui donne une forme et un décor à ces hosties.

Les moules à hosties sont le plus souvent en fer forgé, comme c’est le cas ici. Ils sont constitués de deux palettes, de forme rectangulaire ou ronde. Chacune est prolongée par un bras articulé à l’autre par un rivet. Les palettes sont gravées (soit toutes deux, soit une seule) en intaille – en négatif - d’un motif qui ressortira en léger relief une fois la pâte cuite au feu. Durant la Messe, à un moment que l’on nomme la Consécration, le prêtre élève l’hostie et la rend ainsi visible à l’ensemble des fidèles. Voilà qui explique le soin apporté au décor, mais également la volonté de l’Église d’encadrer ces représentations. En effet, pas question de graver selon son bon vouloir ! L’Église recommande de représenter l’image de Jésus crucifié.

Patrice nous demande la signification de ses gravures. Leurs motifs sont évidemment religieux, à la différence des « oublies » ; les « oublies » étant de fines gaufrettes qui, durant des siècles, sont colportées par des nécessiteux en échange d’une « obole ». D’où leur nom. Les gravures de Patrice sont réparties sur quatre disques : deux grands et deux petits. À gauche, le Christ en Croix. À ses côtés se tiennent deux personnes : la Vierge Marie et saint Jean. Au-dessus de la Croix est inscrit l’acronyme latin « INRI » qui signifie « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Au centre, les deux petits disques sont ornés, pour l’un d’un motif végétal stylisé, et pour l’autre, d’un nouvel acronyme latin, « IHS », qui signifie « Jésus Sauveur des Hommes ». Le dernier disque représente quant à lui le Christ en Gloire, assis sur un trône. Il lève ses bras, offrant ainsi au regard les « stigmates » de ses mains : la trace laissée par les clous de la Crucifixion.

La gravure du moule à hosties de Patrice est naïve. De fait, il est compliqué de la rattacher à un style défini et donc de dater cet objet avec précision. Ce qui est certain, c’est qu’il est né au plus tard au XVIIIe siècle. Un examen de visu permettrait d’affiner cette datation. L’intérieur de la palette présente des creux causés par la rouille et malheureusement, une partie du décor en a souffert. Cet objet est un merveilleux témoin de la fabrication artisanale des hosties qui s’étale du IXe jusqu’au début du XXe siècle. Des moules à hosties sont visibles au très intéressant musée d’art religieux de Blois aux Jacobins… Une belle visite à programmer ! De nos jours, nombre d’hosties sont fabriquées par les religieuses. Ce travail est leur gagne… pain ! Malheureusement, ces objets sont relativement peu recherchés, faute de collectionneurs. Dans cet état, nous pouvons donc l’estimer entre 80 et 120 €.

Une bonne occasion de vous souhaiter de joyeuses fêtes de Pâques !
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