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Le led a vaincu le lustre !

Samedi 24 février 2018 à 07h

Cette semaine Jean-Pierre de Vineuil interroge notre commissaire-priseur Me Philippe Rouillac sur un lustre « bien de famille ».



L’éclairage a été de tout temps, comme en toutes latitudes une préoccupation constante de la vie quotidienne des hommes, rythmée très longtemps par le soleil, les heures du jour. De la caverne avec ses torches de graisse de bêtes comme combustible - jusqu’au faisceau de lumière de votre téléphone portable. Sait-on qu’une seule bougie, chandelle à Versailles coûtait l’équivalent du salaire annuel d’un homme de peine…et quand on réalise la longueur de la Galerie des glaces, le nombre de lustres on mesure la folie du Roi Soleil ! Chandeliers, appliques, candélabres puis lampes à huile, à gaz et enfin à l’électricité, avec les lampes à incandescence. « La fée électricité » comme l’a magnifiée Raoul Dufy dans sa célèbre peinture conservée au musée d’art moderne de Paris change toute la vie. L’apparition et le développement de la lumière artificielle révolutionne l’art du luminaire. Le lustre comme objet d’éclairage suspendu de Jean-Pierre y contribue.

Un lustre de qualité
Élégant et tout aussi précieux : il est en bronze d’une belle dorure à l’or fin, présente six bras de lumière ou se logent les feux, les ampoules dont chaque réceptacle-coupelle est ornée de pendeloques et boules à facettes en cristal transparent. Les branches de lumière s’échappent d’une corbeille ajourée dont la base est constituée par une vasque circulaire en verrerie fine bleue gravée de feuillages. L’amortissement est formé d’une graine éclatée. Tout est contraste une fois allumé, où chatoient l’or, le cristal incolore et bleu nuit. Ce lustre présente en outre la particularité – assez rare – d’être muni d’un système de contrepoids avec chaînes, boutons aux mascarons afin de le monter, ou - ou pour mieux lire, de le descendre à la hauteur souhaitée. Généralement ce système est l’apanage des luminaires de billard et non de salon comme le nôtre - qui possède en outre le raffinement jusqu’à être orné d’oiseaux dans la partie oblongue supérieure. Réalisé au début du XXème siècle il est d’inspiration XVIIIème.

La révolution du led
Malheureusement la hauteur de plafond des appartements modernes, fait abandonner les lustres. Conjugués avec les halogènes puis le led à l’éclairage doux et total depuis 2012 - de tels luminaires classiques sont boudés. Parallèlement « le reste doit suivre » : meubles précieux, tentures, tapis fait main, et bibelots de qualité et pendule en bronze tout autant doré, glace…sans évoquer les tableaux ! Aujourd’hui avec le souci d’économie d’énergie, les volontés écologiques, les nouvelles technologies : nous tournons le dos aux sources lumineuses du XXe siècle nées de la première ampoule d’Edison en 1892 qui sonnaient le glas de l’éclairage au gaz. En conséquence, au XXIe siècle subissant les effets de mode et de désintérêt, ce lustre est quelque peu « up too date ». En vente aux enchères on pourrait néanmoins en attendre entre 500 et 1.000 €. Ce lustre reste un atout majeur de grandes maisons qui ne manquent pas en Val de Loire. Et n’oublions pas la sagesse de Réda Hadjoui « Ne voit la lumière que celui qui est éclairé ».
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