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En attendant le printemps...

Samedi 10 mars 2012

Cette semaine, Christian de Villiers soumet à Me Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, une fleur de porcelaine plus vraie que nature.

Cette semaine, Christian de Villiers soumet à Me Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, une fleur de porcelaine plus vraie que nature.

Le mois de mars à peine entamé, le soleil offre quelques apparitions timides et furtives et déjà, nous attendons tous le printemps avec ferveur et empressement. C’est la saison du renouveau et les fleurs en sont la plus belle expression, fascinantes, évanescentes ne nous laissant que peu de temps pour nous enivrer de leurs couleurs, de leurs parfums… Capturer l’éphémère, un vieux rêve d’homme courant après l’éternité. Et pourquoi pas ? L’objet du jour fait appel à la technique du trompe-l’œil qui imite le réel et joue sur la perception du spectateur en créant la confusion entre l’objet représenté et sa réalité. Historiquement, la première évocation de cet art vient de la légende de Zeuxis, un peintre grec qui, après avoir réalisé une fresque représentant des raisins, vit des oiseaux se jeter sur son œuvre pour la picorer. Bien connu en peinture, ce procédé est aussi mis en œuvre par les céramistes qui travaillent la matière en relief. À Tours, au XIXème siècle, Édouard Avisseau redécouvre le style de Palissy, faïencier d’Henri II, et devient un maître du trompe-l’œil avec ses plats au décor animalier foisonnant. Les fleurs de porcelaine ont été produites par les manufactures prestigieuses de Vincennes, Sèvres ou Meissen. À Vincennes, un atelier, créé en 1748, leur est spécialement dédié. Il se nomme « la Fleurisserie », vingt jeunes filles au doigté délicat y composent ses fleurs éternelles. On dit que Louis XV en aurait offert à la Pompadour pour plus de 800 000 livres soit 2,5 millions d’euros.

Redescendons sur terre puisque cette adorable fleur à la couleur rose tendre n’est pas une production de la Fleurisserie. Si l’influence de Vincennes est notable dans la finesse des pétales et le souci de réalisme, il s’agit d’une production de la fin du XIXème siècle. Des fleurs similaires ornent les illustres sépultures du Père Lachaise…une idée de promenade printanière pleine de poésie baudelairienne ! La corolle bien ouverte, la délicatesse des pétales et la disposition des étamines nous indiquent qu’il s’agit d’une pivoine. Notons un petit manque au niveau des étamines. Cette porcelaine n’est pas d’une grande rareté. Sous réserve d’une expertise plus complète et pour une vingtaine d’euros, vous pourriez acquérir ce petit trésor de printemps qui réchauffera les plus longs hivers.
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