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Riche comme Crassus ?

Samedi 06 janvier 2018 à 07h

Un lecteur nous interrogeait le 10 mai sur la valeur de ses pièces de monnaies, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, lui répond.



Si tout le monde se souvient de César, à qui il faut rendre ce qui lui appartient, chacun a oublié le troisième consul, Crassus. Celui-ci partageait le pouvoir avec César et Pompée à Rome. Faisant l’amalgame avec le roi de Lydie Crésus, qui régnait sur le fleuve Pactole charriant des pépites d’or, la fortune du consul Crassus était telle que l’expression « riche comme Crassus » est passé de son vivant dans le langage courant antique. Mais l’avidité de cet homme provoqua sa perte. Il mourut étouffé avec de l’or en fusion versé au fond de sa gorge par ses ennemis Les Parthes, qui prononcèrent ces quelques mots en guise d’épitaphe : « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! » Ce n’est pas cette fin que je souhaite à notre lecteur, mais bien la fortune du consul Crassus, qui pourrait reposer sur les pièces dont il m‘envoie les images.

Huit pièces au total, dont deux plus petites trouées, sont photographiées. Celles du haut, datant de la deuxième moitié du XXe siècle, sont en argent, d’une valeur faciale de 50, 20, 10 et 5 francs. Celles du bas datant des années 1910 à 1920 sont en nickel ou en bronze aluminium, de plus petite valeur. Une de 2 francs à même été frappée par les Chambres de commerce et d’industrie. La consultation de sites spécialisés sur internet indiquent des valeurs importantes pour ces « petites pièces », qui vont jusqu’à 90 € l’unité : de quoi rendre perplexe leur propriétaire… Méfiez-vous des valeurs indiquées sur ces sites par ailleurs très bien fait. Ce sont des prix de ventes de pièces comparables certes, mais dans un excellent état, qu’on dit « fleur de coin », c’est à dire quasi neuf : sans rayure ni usure. Ce qui n’est malheureusement pas le cas des monnaies de notre lecteur. Quand bien même ses monnaies seraient en bon état, jamais ces marchands numériques ne lui achèteraient ses pièces à ce prix, mais plutôt à un dixième ou à un vingtième de la valeur annoncée… Tout ce qui brille n’est pas en or !

Comme alors connaître la valeur d’une pièce ? Les pièces les plus recherchées sont les pièces en or, notamment celles qu’on appelle « Louis » ou « Napoléon » avec une valeur faciale de 20 francs. Reportez-vous à l’encart « La Bourse » dans la Nouvelle République pour connaitre leur cours. Dans le journal d’hier la pièce de 20 francs or cotait 206 euros. Ce qui est bon à savoir pour éviter de la vendre « au poids » auprès de marchands peu scrupuleux. Si votre pièce est plus ancienne que 1860, elle peut même avoir une valeur supplémentaire, liée à sa rareté pour la collection. Faites la expertiser ! Les pièces en argent se négocient, elles, le plus souvent à leur poids, sauf exception, autour de 300 euros du kilo… Et si vous voulez mieux connaître la valeur de vos pièces, ou en acheter, en plus de la fréquentation des sites spécialisées, participez aux ventes aux enchères, comme celle que j’organise le 15 janvier prochain. Qui sait, la fortune vous attend peut-être au fond de votre bas de laine et vous aussi serez… riche comme Crassus !
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