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Les Rouillac découvrent un tableau des Le Nain

Samedi 17 mars 2018

Mag Centre

l faut dire que le tableau, une huile de 72 cm sur 54 cm, présenté ce vendredi à Tours par MM. Rouillac ne manque pas d’intérêt par sa représentation pour le moins originale d’un Christ enfant, blond aux yeux bleus, à genoux les bras croisés sur la poitrine entouré des symboles de sa Passion future. L’expertise de l’œuvre réalisée par le cabinet d’experts parisiens Éric Turquin est formelle quant à son attribution aux frères Le Nain, même si l’on ne saurait déterminer lesquels des trois ont contribué à son exécution.

“Le Louvre laissera-t-il échapper ce magistral Le Nain ?” comme s’interroge le Quotidien de l’Art, réponse le 10 juin !

GP

La réapparition de ce tableau inédit, inconnu des spécialistes est un événement dans l’histoire de la peinture française du XVIIe siècle. Le thème, rarissime dans la peinture européenne, n’était pas signalé dans l’œuvre des Le Nain. L’enfant Jésus est agenouillé dans un paysage vespéral méditant devant les instruments de la passion.
Son visage méditatif, ses mèches blondes doucement agitées et ses yeux bleus chargés de mélancolie constituent une véritable signature des Le Nain : on les retrouve par exemple dans l’ange au centre de l’Adoration des bergers (Londres, National Gallery), dans ceux à gauche de la Naissance de la Vierge (Paris, cathédrale Notre-Dame) et le garçonnet à droite dans la Famille de Paysans de la National Gallery of Art de Washington, soit des tableaux datés par les historiens d’art du début des années 1640.
L’effet de lumière du soir est très finement observé. Une trouée bleutée est prise entre deux nuages noirs, au-dessus du rose de l’horizon, et laisse place en haut à gauche, à un rayon doré d’origine divine. Les éclairages crépusculaires sont rares chez les Le Nain. On en observe dans la Mise au tombeau du Museum of fine Art de Boston et dans deux tableaux récemment réapparus, Le Martyre de saint Sébastien et la petite Déploration sur le christ mort, tous deux en collections particulières.
La tunique blanche de l’enfant ressort dans la gamme colorée de l’ensemble entre gris, brun et violet. Cette étoffe claire, souple et animée, se laisse comparer à celle de la nourrice dans la Nativité de la Vierge, ou du garçon jouant de la flûte dans la Famille de paysans du Louvre. Les historiens à ce propos évoquent l’influence d’Orazio Gentileschi, présent à Paris entre 1624 et 1626. On pourrait aussi évoquer l’harmonie violette et grise de la Fuite en Egypte de Gentileschi au Louvre, dont on trouve un écho dans notre toile.
Auquel des trois frères Le Nain rendre cette toile, peinte apparemment d’une seule venue et donc d’une seule main ? Cette question se pose pour chaque œuvre de Le Nain. Nous avons plus haut comparé notre toile à des tableaux dont l’attribution à Matthieu et à Louis a été tour à tour évoquée. Ils font presque tous partie d’un groupe que Jean-Pierre Cuzin et Pierre Rosenberg donnent à Matthieu Le Nain, le cadet des trois frères, avant 1648, c’est-à-dire avant la mort de deux aînées.
Ce sont les années de ses chefs-d’œuvre lorsque l’émulation des deux autres Le Nain lui permet d’atteindre le niveau des plus grands peintres.
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