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Le carlin attachant du Duc d'Enghien

Samedi 25 février 2012

Edmond, lecteur fidèle nous envoie la photo d’un petit chien de porcelaine, au pelage café au lait et au masque noir. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, identifie cet animal comme le chien du duc d’Enghien !

Edmond, lecteur fidèle nous envoie la photo d’un petit chien de porcelaine, au pelage café au lait et au masque noir. Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, identifie cet animal comme le chien du duc d’Enghien !

Le petit museau et les grands yeux un peu globuleux de ce chien sont restés célèbres. Il s’agit d’un carlin dont le nom est Mohiloff. Il est entré dans l’Histoire avec son maître : le duc d’Enghien… En 1804, Napoléon Bonaparte n’est que Premier Consul de la République. Il caresse l’idée d’instaurer l’Empire, mais doit donner des gages à ceux qui avaient voté la mort du roi et mis fin à l’Ancien Régime. Prétextant un complot, le premier Consul fait arrêter dans la nuit du 15 mars dans le Bade, non loin du Rhin, l’un des derniers princes de sang royal : le jeune Louis Antoine de Bourbon Condé, duc d’Enghien.

N’écoutant que son sentiment de fidélité, le carlin que l’épouse de duc, Charlotte de Rohan, lui avait offert en Pologne quelques années plus tôt, lui emboite le pas. Les soldats le repoussent à coup de bottes, mais le carlin les poursuit à travers l’Europe. En arrivant sur le Rhin, il se jette dans l’eau glacée et traverse le fleuve à la nage. Il réussit à sauter dans la voiture de son maître un peu après Strasbourg et se blottit contre le duc. Impressionné par la force de cet animal, les gardes le laissent monter… et filent à tombeau ouvert vers Paris. Le duc d’Enghien est conduit le 20 mars dans l’après-midi au château de Vincennes. Le soir, il donne son repas à son carlin, qui l’a suivi jusque dans le cachot. Réveillé à deux heures du matin, le duc d’Enghien subit un simulacre de procès puis est froidement conduit dans les fossés du château, face à un peloton d’exécution. Mohiloff veut s’interposer, mais le duc l’éloigne. Une salve retentit. Enghien est mort. « Plus qu’un crime dira Fouché ou Talleyrand ? c’est une faute ». Enghien est enterré dans une fosse creusée la veille. Le carlin reste plusieurs jours à hurler la mort de son maître. Le peintre Carle Vernet l’immortalise grattant la pierre qui recouvre la tombe. Après sa mort, Mohiloff est naturalisé et exposé à Strasbourg au Musée du Palais de Rohan.

Vingt ans plus tard, avec la Restauration de la Monarchie en France, le duc d’Enghien devient une icône : martyre de l’Imposteur Bonaparte. La manufacture de Meissen, en Saxe, créé cette figurine à l’image de Mohiloff pour les grandes familles proches de la Cour. Cette porcelaine et le témoignage d’une épopée historique romanesque. Malgré un accident à la patte est une restauration au poitrail, cette porcelaine de Saxe, mérite une estimation soutenue de 300€. La fidélité et l’histoire n’ont pas de prix !
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