RETOUR AU BERCAIL POUR UN PSAUTIER DU VAL DE LOIRE

La Gazette Drouot, Philippe Dufour

À Tours, l’hôtel Goüin, vénérable demeure des alentours de 1500, abritait quatre jours de ventes, dont le dernier était justement dévolu à la bibliophilie de l’âge humaniste, à travers les collections du manoir de La Roche Musset. Vainqueur toutes catégories, un Psautier à l’usage de Tours, manuscrit sur vélin fin, illustré par le Maître de Spencer. Réalisé en 1511, mais protégé par une somptueuse reliure en maroquin brun à semis d’her- mines, de léopards et d’aigles bicéphales aux armes de Charles Brisard-Tiville, du second quart du XVIIe siècle, cet in-8° se distingue par les douze petites miniatures qui sont l’œuvre du Maître de Spencer VI, un enlumineur actif dans la région de Tours et de Bourges, et dont l’œu- vre se retrouve associée à celle de Jean Colombe ou des frères Montluçon. On y détaillait aussi huit initiales ornées, avec inclusions d’or et motifs floraux. L’histoire de ce manuscrit est passionnante, car après des passages dans différentes collections new-yorkaises, dès 1878, il revient en France à la fin du XXe siècle, pour être finalement acquis 80 600 € par un amateur du Val de Loire en ce vendredi 9 mars.

À ce chapitre, on note aussi le succès enregistré par un incunable de 1486-1487, imprimé par Koberger à Nuremberg. Comprenant la Summa Theologica d’Antoninus Florentinus et la Tabula de Johannes Molitor, il est absolument complet, de ses cinq tomes répartis en quatre volumes in-folio. Pour le feuilleter, il fallait prévoir 18 600 €.

La veille, 8 mars, c’était la bibliothèque du Dr Henri Tardif que l’on avait dispersée, composée surtout d’éditions originales des XIXe et XXe siècles. Bien que n’étant pas issu de ce fonds prestigieux, le clou du spectacle consistait en une édition origi- nale de Casse-Pipe du grand Céline, éditée chez Cham- briand, en 1949, l’un des quinze exemplaires numérotés réservés aux amis de l’auteur ; il était surtout accompa- gné de cinq pages manuscrites et tapuscrites de l’ouvrage, les seules que l’on connaisse. Il n’en fallait pas moins pour déclencher une enchère à 24 800 €. Plus abordable, une Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, de 1836, dans une belle reliure néogothique avec un envoi à «M. Léon Masson, son ami», se lisait moyennant la somme de 7 000 €.

TOURS, VENDREDI 9 MARS. ROUILLAC OVV. M. VEYSSIÈRE