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Quand un Rousseau...en cache un autre

Samedi 18 février 2012

Si l’appareil photo a détrôné la peinture en représentant fidèlement un paysage, un visage – le dessin reste un élément incomparable de rendu. Observations, sensibilité avec une économie de moyens, tel ce dessin.

Si l’appareil photo a détrôné la peinture en représentant fidèlement un paysage, un visage – le dessin reste un élément incomparable de rendu. Observations, sensibilité avec une économie de moyens, tel ce dessin. A Blesle - comme indiqué en bas à droite - en Auvergne, classé parmi les plus beaux villages de France, au bout d’un pont pavé se dresse majestueusement cette vaste maison : appareillage de pierre basaltique en angle, ouverture des fenêtres et portes soulignées de poutres en bois, toits en tuiles ; et à l’arrière une tour carrée couverte. Demeure ancienne praticienne, dans une ruelle éclairée par une lanterne du XIXème. Particularité sur le pignon de la maison, un cadran solaire circulaire avec l’inscription sur son pourtour relevé par notre dessinateur « en regardant l’heure qu’il EST pense à la mort et te tiens prêt ».

Stoïcisme, aphorisme à la Ronsard et détachement aux choses présentes, tel que l’enseignait aussi les moralistes du Grand Siècle. Cette précision a du interpeller notre artiste, qui signe en bas à gauche : P. Rousseau, 1931. Mais qui est-il ? Dans le Bénezit, dictionnaire des peintres et sculpteurs en 10 volumes, pas moins de 60 Rousseau sont recensés ! Du plus célèbre Henri dit le Douanier Rousseau peintre naïf de compostions – en passant par Théodore le peintre de paysage de l’école de Barbizon à la fin du XIXème. Même 4 « P » Rousseau sont répertoriés mais aucune mention pour un artiste du premier tiers du XXème siècle... Notre Rousseau est donc un inconnu, un « peintre du dimanche » ; mais néanmoins pas «un barbouilleur » ! Son rendu est réel, sa composition juste avec un sens des proportions et de la perspective. Aurait-il reçu une formation dans une école des beaux-arts, mieux encore serait-il architecte ? Tout est équilibré et le point de vue précis. Dessin à l’encre sans remord, dont les parties ombrées et surlignées donnent du volume aux bâtis. Croquis de voyage, recherches relatives au cadran solaire, dessin d’une suite pour illustrer un ouvrage ou recueil de visites du village de Blesle ? Telles peuvent être les raisons avancées, mais quoiqu’il en soit, cette œuvre ne dépasse pas le caractère quelque peu « déjà vu », voir anecdotique,telle une belle carte postale !

Hormis l’intérêt pour les habitants et amoureux de Blesle, comme pour le propriétaire de cette maison, l’artiste Rousseau n’a pas de référence, de cote…Et n’oublions pas comme nous le précise notre lecteur, « il est piqué et comporte des taches de rousseur »…vraisemblablement d’humidité, donc difficilement réparable. On peut en conséquence donner une estimation de 80 à 100 € pour le libraire ancien ou le bon antiquaire de Blesle – d’autant que ce cadran solaire semble avoir disparu…mais hors Blesle seulement quelques dizaines d’euros…N’est pas Rousseau qui veut… pour Théodore nous aurions multiplié par 10, et pour Henri, le douanier par 100 ! Mais pour Barrès originaire de Blesle comme l’acteur Gérard Klein, ou encore Christophe Barratier qui a tourné en partie dans ce village « La Nouvelle guerre des boutons »…ce village de Haute Loire n’a pas de prix !
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