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Un album de souvenirs très particuliers

Vendredi 02 février 2018

Gazette Drouot, par Philippe Dufour

William Wyld (1806-1889), Vue animée de la place Saint-Marc, 1835, aquarelle gouachée sur traits de crayon noir, 23,5 x 17,5 cm.
Estimation : 800/1 000 € – d’un ensemble proposé sans faculté de réunion, estimé au total à 30 000 €.
DECAMPS, VERNET, BONINGTON, GRANDVILLE... LA LISTE N’EST PAS COMPLÈTE DES FEUILLES ASSEMBLÉES
EN UN RECUEIL AMICORUM. CE CADEAU ORIGINAL D’UN BARON FIN CONNAISSEUR À SON ÉPOUSE SERA BIENTÔT ACCESSIBLE À VENDÔME.


Dans le grand salon du château de Coulonges dans la Sarthe, était exposé, comme un livre d’or, un album au contenu sin- gulier, puisque recélant une cinquantaine d’aquarelles, gouaches et dessins originaux. Depuis plus d’un siècle, il faisait l’admiration des visiteurs de la demeure, conservé in situ grâce aux soins des descendants de son auteur, le baron François Adolphe Aker- mann (1809-1890). Régent de la Banque de France de 1859 à sa mort, on doit aussi à ce dernier d’avoir édifié sur ses terres sarthoises une opulente bâtisse dans le plus pur goût second Empire. Auparavant, en 1836, il a épousé Louise Marie Boquet de Saint Simon et c’est pour elle qu’il va constituer, au fil du temps et des rencontres, ce recueil calqué sur le modèle Amicorum. Rappelons que ce type d’ouvrages composite rassemble des œuvres d’artistes très divers, parfois amis (comme le suggère son nom) ou relations privilégiées de leur propriétaire. Selon une tradition bien éta- blie, lorsqu’on était invité dans un château, il était ainsi de bon ton de remercier son hôte d’une feuille au crayon ou à l’aquarelle, que celui-ci s’empressait d’ajouter à sa collection, protégée par une belle reliure. Livre de souvenirs personnalisés, notre album témoigne donc d’une pratique culturelle largement répandue dans les grandes familles... On ne sait si certaines des pages qui le composent ont obéi à ce processus, mais les signatures qui s’y pressent, françaises et étrangères, dévoilent tout un pan de l’école romantique du milieu du XIXe siècle.

CÈNES ET VOYAGES DE L’ÉPOQUE ROMANTIQUE

Montées sur des feuillets volants de format moyen (20 x 30 cm), non encadrées mais sou- vent soulignées de filets à l’encre noire, ces fragiles productions ont été conservées à l’abri de la lumière, arborant aujourd’hui encore une remarquable fraîcheur, pour cer- taines couleurs. Dimanche 18 février, toutes quitteront leur écrin pour être proposées séparément. Les estimations s’échelonnent de 400/500 € – pour un Marin mirant l’hori- zon d’Émile-Jean-Horace Vernet (1789- 1863), lavis brun sur traits de crayon de 1825 – à 8 000/10 000 € pour une aquarelle de Richard Parkes Bonington (1802-1828) avec également pour sujet la mer. Entre les deux, presque tous les genres alors en vogue sont représentés : paysages, natures mortes, satires sociales, voyages ou encore fantasmagories. Tel, toujours de la main de Bonington, un lavis décrivant un groupe de Femmes conver- sant dans un parc sous le regard de vieillards concupiscents, ou cette aquarelle titrée Femme priant sur une tombe comme tout droit sortie d’un roman « gothique », avec sa représentation d’un spectre. Incontournable, l’Orient rêvé par les poètes des années 1830 est aussi convoqué, en la personne d’un Fumeur de narguilé dans un intérieur exécuté par Alexandre-Gabriel Decamps au lavis brun rehaussé de blancs. Une invitation au voyage qu’évoquent aussi deux Vues ani- mées : celle de la place Saint-Marc à Venise par le Britannique William Wyld et celle du port de Dunkerque, enlevée avec brio sur petit format par l’aquarelliste François Louis Thomas Francia.

DIMANCHE 18 FÉVRIER, VENDÔME.
ROUILLAC OVV. MM. DE BAYSER.
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